L’Espagne s’indigne de la nouvelle carte officielle du Maroc, qui inclut Ceuta et Melilla

Ceuta et Melilla sont considérées comme des foyers de migration à la frontière sud de l’UE, et le sujet est l’une des principales pommes de discorde entre l’Espagne et le Maroc. [SHUTTERSTOCK/Orangecatteam]

Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, Socialistes et Démocrates européens) du Premier ministre par intérim Pedro Sánchez a déclaré qu’il rejetait fermement la carte officielle du territoire marocain récemment publiée, qui inclut les villes autonomes espagnoles de Ceuta et Melilla, tandis que le président régional de Melilla a demandé à Madrid d’adresser une plainte formelle à Rabat.

Le site web de l’ambassade du Maroc à Madrid a récemment publié une carte sur laquelle Ceuta et Melilla apparaissent comme faisant partie du territoire du royaume nord-africain.

Ceuta et Melilla sont considérées comme des foyers de migration à la frontière sud de l’UE, un sujet qui est l’une des principales pommes de discorde entre l’Espagne et le Maroc.

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La section du PSOE à Melilla a exprimé un « rejet total » de la carte, tandis que le président régional de Melilla, Juan José Imbroda, du Partido Popular (PP, Parti populaire européen) de centre droit, la principale force d’opposition du pays, a exigé que Madrid dépose une « plainte formelle ».

M. Imbroda estime qu’il s’agit d’un « affront total à notre nation, à notre Constitution, à notre histoire et notre souveraineté ».

Alors que les négociations sur la coalition gouvernementale espagnole se poursuivent à la suite des élections anticipées du 23 juillet dernier, M. Imbroda a exhorté l’exécutif du Premier ministre par intérim, Pedro Sánchez, à adresser « une protestation formelle et sévère » à l’ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benyaich.

« Cela semble être une énormité, mais il me semble encore plus grave que nos autorités, nos représentants du gouvernement national, n’aient pas ouvert la bouche » après cette « interférence et ingérence » dans la souveraineté des deux villes autonomes, a souligné M. Imbroda, rapporte journal régional Melilla Hoy.

Le responsable politique a précisé que les habitants de Melilla se sentaient « profondément et fièrement espagnols » depuis près de 526 ans, soit près de cinq siècles avant que « le Maroc ne naisse, sur le plan politique », en prenant son indépendance vis-à-vis de la France en 1956.

Pour le PSOE, Ceuta et Melilla sont espagnoles

Bien qu’il n’y ait pas eu de protestation formelle de l’Espagne au Maroc, la secrétaire générale du PSOE de Melilla et porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée de la ville autonome, Gloria Rojas, a souligné que « Melilla et Ceuta sont et seront toujours une partie indissoluble de la nation espagnole ».

« Il est intolérable que quiconque, à l’intérieur ou à l’extérieur de nos frontières, remette en question notre appartenance à l’Espagne. Nous ne le tolérerons pas et [les dirigeants du PSOE] le démontrent par leurs paroles et leurs actes », a-t-elle souligné, citée par El Faro de Melilla.

Mme Rojas a rappelé que Pedro Sánchez défend toujours le fait que les deux villes autonomes font partie de l’Espagne : « Il le dit très clairement à chaque fois qu’il affirme que Melilla et Ceuta sont l’Espagne, point final […] elles le sont et le seront toujours, tout comme Gijón, Tolède ou Malaga », a déclaré la socialiste.

D’autre part, elle a rappelé que les seuls Premiers ministres espagnols à s’être rendus dans les deux villes autonomes lors de voyages officiels étaient ceux du PSOE.

« C’est sous les gouvernements [du PSOE] que l’on a investi le plus dans les deux villes et que l’on a mis en œuvre le plus de politiques et de mesures pour garantir la qualité de vie des citoyens ainsi que le présent et l’avenir de nos villes », a conclu Mme Rojas.

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[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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