Le groupe Wagner face à la Haute Cour britannique

Evgueni Prigojine a cessé de se cacher et a baptisé son nouveau centre d’affaires à Saint-Pétersbourg « Centre PMC Wagner ». [Twitter]

Les victimes ukrainiennes de l’invasion russe ont annoncé mardi (1er novembre) l’ouverture d’une procédure civile devant la Haute Cour de Londres à l’encontre de la société militaire privée russe Wagner Group et son fondateur, Evgueni Prigojine.

M. Prigojine est également connu sous le nom de « chef de Poutine ».

L’action a été annoncée par Highgate, une société de communication, et par les avocats des victimes, McCue Jury & Partners LLP. Ils expliquent faire partie d’une plus vaste campagne de guerre juridique menée par un groupe international d’avocats, d’enquêteurs et de militants en faveur des victimes ukrainiennes. D’autres actions similaires sont prévues prochainement au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Plus tôt dans la journée de mardi, les avocats des victimes ont témoigné devant la commission d’enquête des affaires étrangères du parlement britannique, « Wagner Group and Beyond : Proxy Private Military Companies ».

Jason McCue, associé principal chez McCue Jury & Partners, a déclaré à la commission que M. Prigojine aurait mené « une campagne terroriste » comprenant des meurtres, des viols, le ciblage d’infrastructures et la pose d’explosifs autour d’installations nucléaires, dans le but de « semer la terreur et le chaos en Ukraine ».

Le groupe Wagner est une organisation paramilitaire russe, considérée comme la pseudo-armée privée du président russe Vladimir Poutine. La société opère en dehors des limites de la loi, car de telles entités sont techniquement illégales en Russie. Pendant des années, le fondateur de l’entreprise n’était pas connu, mais on soupçonnait qu’il s’agissait de Evgueni Prigojine, ce qu’il a finalement confirmé en septembre 2022.

La CJUE confirme les sanctions de l’UE à l’encontre du chef du groupe Wagner

La Cour de justice de l’Union européenne a rejeté cette semaine la tentative de Evgeny Prigozhin, accusé de soutenir financièrement les activités du groupe de mercenaires russe Wagner, de se faire retirer de la liste des sanctions de l’UE.

Formellement prévenu

Highgate a expliqué à EURACTIV que la démarche des victimes devant la Haute Cour britannique a été annoncée en même temps qu’une lettre de mise en demeure a été signifiée à M. Prigojine personnellement et au nom du groupe Wagner,

L’Union européenne a imposé des sanctions au groupe Wagner, l’accusant d’opérations secrètes au nom du Kremlin. Les combattants du groupe Wagner avaient par ailleurs été accusés par des groupes de défense des droits et le gouvernement ukrainien d’avoir commis des crimes de guerre en Syrie et dans l’est de l’Ukraine à partir de 2014.

L’action en justice contre Wagner permettrait aux citoyens ukrainiens d’engager des actions en réparation contre les acteurs dominants de la « machine de guerre de M. Poutine » afin de contrecarrer ses efforts et d’obtenir des dommages et intérêts pour les atrocités commises en Ukraine.

La lettre de mise en demeure accuse M. Prigojine, le groupe Wagner, Vladimir Poutine et des personnes influentes liées à sa machine de guerre d’avoir causé intentionnellement des dommages et des souffrances aux plaignants et d’avoir conspiré pour mener une guerre illégale par le biais du terrorisme.

Bien qu’elle soit présentée par un petit nombre d’individus, la demande représente symboliquement les intérêts de tous les ressortissants ukrainiens qui ont subi des pertes du fait de la guerre, y compris les plus de cent mille Ukrainiens réfugiés au Royaume-Uni. Les auteurs de l’initiative, qui invitent d’autres Ukrainiens éligibles à se joindre à eux, prévoient que le nombre de plaignants admissibles augmente considérablement dans les semaines à venir.

Pour soutenir le projet, les plaignants ont lancé une page de crowdfunding. La campagne a pour but d’engager une action similaire de manière imminente devant les tribunaux américains.

Parmi les organisations qui soutiennent l’initiative en tant qu’enquêteurs figure le média d’investigation Bellingcat, ainsi qu’un collectif indépendant de chercheurs, d’enquêteurs et de journalistes citoyens spécialisés dans la vérification des faits et les enquêtes de source ouverte.

Eliot Higgins, le fondateur de Bellingcat, a déclaré que cette action est, on l’espère, la première étape pour demander des comptes à Wagner, présenté par M. Prigojine comme un facteur important pour l’avenir de la Russie.

M. Prigojine nie avoir des ambitions politiques, mais beaucoup voient dans sa guerre privée contre le maire de Saint-Pétersbourg une ambition de prendre sa place. M. Prigojine a récemment ouvert un grand bureau à Saint-Pétersbourg.

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