Dans la foulée de la reconnaissance de l’État palestinien par la Suède, la question regagne du terrain. En France des députés socialistes préparent une résolution pour que la France reconnaisse officiellement l’état, comme 135 pays dans le monde le font déjà.
Le groupe socialiste à l’Assemblée nationale est en train de prépare une résolution invitant « le Gouvernement français à faire de la reconnaissance de l’État de Palestine un instrument pour obtenir un règlement définitif du conflit », selon une première version proposée par la présidente de la Commission des Affaires étrangères Elisabeth Guigou, discutée le 4 novembre.
« Depuis le dernier conflit et face à une situation diplomatique complètement bloquée, une véritable réflexion sur comment faire bouger les choses est en cours chez les parlementaires socialistes » explique une source parlementaire.
La proposition, non contraignante, doit encore être adoptée par le groupe socialiste avant d’être proposée au vote. Dans une tribune publiée dans Libération, 17 parlementaires de la frange gauche du Parti socialiste appellent à reconnaître l’Etat de Palestine
Élan européen
« Une initiative parlementaire s’imposait » reconnaît la source parlementaire, notamment suite à la décision du gouvernement suédois de reconnaitre l’État palestinien, mais aussi au vote des parlementaires britanniques en faveur d’un texte similaire le 14 octobre dernier.
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Le gouvernement suédois en effet reconnu officiellement le 30 octobre l’État palestinien, devenant le premier pays d’Europe occidentale à prendre cette position.
Au total, 135 pays reconnaissent l’État palestinien. Mais au sein de l’Union européenne, seuls pays plusieurs pays d’Europe de l’Est notamment en font partie : la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, la Hongrie, Malte, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie. Et tous ont reconnu l’État palestinien avant de rejoindre l’UE.
Dans les pays candidats à l’adhésion à l’UE, le Monténégro, la Serbie, la Turquie et la Bosnie font également partie reconnaissant l’État palestinien.
Par ailleurs, en octobre, les parlementaires britanniques de la Chambre des communes ont adopté un texte demandant au gouvernement de reconnaître l’État palestinien.
« Cette Chambre est d’avis que le gouvernement devrait reconnaître l’État de Palestine aux côtés de celui d’Israël afin de contribuer à la négociation d’une solution à deux États » souligne la motion adoptée à une large majorité des présents.
Du côté de Bruxelles, le son de cloche semble également inciter au débat. « Nous avons évidemment entendu avec attention les récentes déclarations de la Haute représente de l’UE pour les Affaires étrangères » explique la source parlementaire.
Dans une interview au Monde le 4 novembre, la chef de la diplomatie européenne, l’Italienne Federica Mogherini, a déclaré qu’elle serait « heureuse si, au terme de [son] mandat, l’État palestinien existait », rappelant toutefois que « la question de la reconnaissance d’un État est une compétence des États membres »
Prudence au gouvernement français
La résolution des députés socialistes, si elle est votée, resterait sans conséquence sur un éventuel choix du gouvernement français. Mais l’appel de pied est sérieux puisqu’il provient de la majorité.
De son côté, le gouvernement de Manuel Valls est resté prudent sur la question. « Le gouvernement a rappelé de manière constante qu’à l’ONU, que la ligne de la France était le reconnaissance d’un État palestinien » a réagi Stéphane le Foll, porte-parole du gouvernement français lors d’un point presse
« Le choix de la France c’est de faire que la reconnaissance d’un État palestinien se fait à l’échelle internationale »
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En 2012, la France avait voté aux Nations unies en faveur de l’attribution d’un statut d’État observateur à la Palestine ; l’idée de la reconnaissance de la Palestine n’est plus un tabou.
Après le conflit meurtrier de cet été, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius avait rappelé lors de la Conférence des Ambassadeurs le 29 août « l’action constante pour rechercher une paix durable entre Israël et les Palestiniens, qui passe par la solution des deux États à laquelle la France réaffirme son attachement, ce qui signifie qu’il faudra bien, à un moment, reconnaître l’État palestinien ».