Les dirigeants français, britannique et allemand menacent la Russie de nouvelles sanctions à la veille d’un conseil des affaires étrangères qui se tient à Bruxelles le 22 juillet.
Le président russe a répondu aux pressions européennes par un message d’apaisement, lundi 21 juillet au matin, indiquant dans un message vidéo qu’il ferait « tout ce qui est en son pouvoir pour que le conflit passe d’une phase militaire à une phase de négociations pacifiques par des voies exclusivement diplomatiques », tout en estimant que personne ne doit et n’a le droit d’utiliser cette tragédie à des fins politiques égoïstes ».
Il réagissait notamment aux nombreuses accusations du week-end à l’égard de la Russie en provenance d’Ukraine et des Etats-Unis, après le crash du vol Malaysian Airlines en Ukraine le 17 juillet.
A propos de l’enquête sur le crash, il a jugé qu’il était désormais « indispensable que tout soit fait pour garantir la sécurité du travail des experts internationaux sur les lieux de la tragédie ».
Accès au site du crash en question
Dans un expression relativement rare de la diplomatie européenne commune, le président français, la chancelière allemande et le Premier ministre britannique David Cameron avaient demandé dimanche au président russe d’obtenir des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine un accès « libre et total » à la zone du crash du vol.
« Ils sont convenus d’exiger aujourd’hui auprès de M. Poutine qu’il obtienne des séparatistes ukrainiens que les secours et les enquêteurs aient enfin libre et total accès à la zone de la catastrophe du vol MH-17 pour accomplir leur mission » a précisé la présidence française dans un communiqué, après que le sujet eut été abordé au téléphone entre les trois dirigeants.
Menaces à la veille du Conseil Affaires Etrangères
« Si la Russie ne prend pas immédiatement les mesures nécessaires, les conséquences en seront tirées par l’Union Européenne à l’occasion du Conseil Affaires Etrangères qui se tiendra mardi », préviennent-ils.
« La Russie doit comprendre que le règlement de la crise ukrainienne est plus que jamais un impératif après cette tragédie qui a outragé le monde entier », conclut le communiqué.
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se retrouvent à Bruxelles mardi 22 juillet au matin. L’ordre du jour risque, qui était chargé, risque d’être quelque peu bousculé par l’actualité. En plus de l’Ukraine, le Conseil devait évoquer la situation en Irak et au Proche-Orient. Les thèmes de la Syrie, et de la Centrafrique seront également abordés, y compris le lancement du fonds fiduciaire sur la Centrafrique.
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Le Conseil de sécurité de l’ONU devait adopter lundi une résolution, proposée par l’Australie, demandant « à tous les pays et protagonistes dans la région » — dont la Russie — de collaborer pleinement à « une enquête internationale complète, minutieuse et indépendante ».
Le Partenariat oriental sous les projecteurs
Le Conseil devrait également évoquer la question du Partenariat oriental, un processus qui se fait d’autant plus crucial que la situation géopolitique dégénère dans la région.
La crise pourrait avoir pour conséquence d’accélérer les négociations qui se poursuivent entre les ministres des affaires étrangères des six pays partenaires, à savoir l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine, et l’UE.
A priori, les discussions devaient essentiellement porter sur la voie à suivre dans la perspective du prochain sommet du partenariat oriental qui se tiendra à Riga en mai 2015.
L’exacerbation de la crise avec le crash d’un avion de ligne en Ukraine pourrait faire bouger les lignes et accélérer le processus de mise en œuvre des accords d’association. Ce qui suppose d’établir des zones de libre-échange approfondies, et d’intensifier les relations bilatérales entre l’UE et les pays concernés.
La Georgie, l’Ukraine et la Moldavie, qui ont déjà signé un accord de partenariat fin juin avec l’UE, se sont vus proposer un statut d’allié des Etats-Unis le 17 juillet. Le Sénat américain a en effet passé une loi leur permettant de devenir allié des Etats-Unis sans être membre de l’OTAN.