L’Allemagne, destination de choix pour les migrants

Des manifestants dénoncent les déportations d'immigrants illégaux à Berlin, Allemagne. Juin 2014 [Markus Winkler/Flickr]

Des manifestants dénoncent les déportations d'immigrants illégaux à Berlin, Allemagne. Juin 2014 [Markus Winkler/Flickr] [flic.kr/p/nRqNXV]

De moins en moins de migrants décident de s’installer pour de bon dans un pays de l’UE. Sauf en Allemagne, destination la plus prisée après les États-Unis. Un article d’EURACTIV Allemagne.  

L’Allemagne est le pays industrialisé qui a connu la plus forte hausse d’immigration ces dernières années. Les dernières statistiques de l’OCDE montrent que pas moins de 465 000 personnes se sont installées dans le pays en 2013, deux fois plus qu’en 2007. L’Allemagne est donc destination la plus prisée au monde, après les États-Unis.

En Europe, l’immigration en provenance de pays hors EU a diminué ; elle représente à présent 950 000 personnes par an. Les migrations intérieures ont par contre distinctement augmenté. En 2012, plus d’un tiers des nouveaux arrivants venaient d’autres pays européens, alors qu’ils ne représentaient même pas un dixième des arrivées en 2007. Pour l’OCDE, cette augmentation est due aux élargissements en 2004 et 2007, ainsi qu’à la liberté de circulation.

http://www.compareyourcountry.org/migration?cr=oecd&lg=fr&page=0

Une économie stable

La crise économique pousse également de plus en plus de citoyens des pays du sud de l’Europe, plus touchés par la crise, à s’installer dans des pays jouissant d’une meilleure santé économique, comme l’Allemagne. « Jusqu’à un quart du choc asymétrique du marché du travail, qui s’est manifesté à des moments différents avec une intensité différente dans les différents pays de l’UE, a été absorbé par un an d’immigration », note l’étude de l’OCDE.

Le nombre de demandeurs d’asile en Allemagne a aussi beaucoup augmenté. En 2013, un cinquième des quelque 555 000 demandeurs d’asile des pays de l’OCDE ont déposé leur demande en Allemagne. 110 000 premières demandes ont été adressées à Berlin, contre seulement 68 000 aux États-Unis et 60 000 à la France.

Ces demandeurs d’asile proviennent pour la plupart de Russie, de Serbie et du Kosovo, ainsi que de la Syrie. Ils n’ont cependant eu que peu d’impact sur l’immigration à long terme. Une minorité de demandeurs obtienne un permis de séjour en Allemagne. En outre, nombre de dossiers déposés en 2013 n’ont pas reçu de réponse dans la même année.

Un marché de l’emploi accueillant

Selon le rapport, le taux d’emploi parmi les migrants en Allemagne a augmenté de cinq points depuis 2007 pour atteindre 68 %, l’augmentation la plus accentuée de tous les pays du groupe.

« Ces quelques dernières années, l’Allemagne est parvenue à intégrer beaucoup de principes concernant l’intégration des migrants au marché du travail », estime Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE. Le taux de chômage parmi les migrants peu qualifiés en Allemagne est même moindre que celui des Allemands de souche ayant le même bagage éducatif.

>> Lire : L’Allemagne ouvre ses portes aux travailleurs d’Europe centrale

L’étude estime cependant qu’il reste des efforts à faire pour les nouveaux arrivants très qualifiés. Un peu plus de la moitié d’entre eux seulement ont une carrière adaptée à leur niveau d’éducation. Le reste d’entre eux se trouve sans travail, ou à des postes moins importants que ce que leurs diplômes leur permettraient de faire.

L’OCDE prescrit donc une meilleure reconnaissance des diplômes étrangers afin de pallier ce problème.  Bien que l’Allemagne ait fait des progrès particuliers dans ce domaine, il est important d’associer au processus de reconnaissance des diplômes une formation supplémentaire et des cours de langue, selon les auteurs de l’étude.

Le nombre élevé de mineurs issus de l’immigration s’avère problématique en Allemagne, estiment-ils. Ainsi, un tiers des résidents nés hors du pays sont des mineurs, une proportion plus élevée que dans tous les autres pays de l’OCDE.

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Lors du sommet sur l’intégration à Berlin le 1er décembre, des représentants des secteurs politique, économique et administratif ont discuté de moyens potentiels d’améliorer les possibilités éducatives des jeunes migrants.

>> Lire : Le futur commissaire à l’immigration dénonce « l’Europe forteresse »

 

Les chefs d’État et de gouvernement européens étudient actuellement la possibilité d’établir des procédures d’asile en Afrique du Nord au nom de l’UE. En outre, les ministres de l’intérieur devront aborder le sujet de l’accueil des réfugiés lors d’une réunion à la fin de la semaine.

En janvier, le gouvernement allemand a créé un nouveau comité chargé d'enquêter sur les effets de ce qu'il appelle « l'immigration de la pauvreté » en provenance de Bulgarie et de Roumanie. Les villes se sont en effet plaintes d'être complètement dépassées.

Après l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l'UE le 1er janvier 2007, la plupart des États membres ont levé les restrictions d'accès à leurs marchés du travail qui pesaient sur les travailleurs provenant de ces pays.

Des restrictions demeuraient cependant en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en France, en Grande-Bretagne, en Irlande, au Luxembourg, à Malte, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Ces pays requéraient généralement des citoyens bulgares et roumains qu'ils disposent d'un permis de travail.

En vertu des traités d'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, ces restrictions devaient être levées sur l’ensemble du territoire de l'Union le 1er janvier 2014.

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