L'Union européenne a échoué dans son ultime tentative pour sauver l'accord d'association avec l'Ukraine lors du sommet de Vilnius qui s'est achevé le 29 novembre. Reportage en direct de Vilnius.
Les dirigeants européens ont tenté une dernière fois de convaincre Viktor Ianoukovitch de signer l'accord d'association (AA) UE-Ukraine lors du sommet pour le partenariat oriental de Vilnius. Mais c'est finalement sans avoir paraphé l'accord que les représentants européens ont terminé le sommet tant attendu le 29 novembre.
Un échec pour lequel l'UE a rapidement blâmé la Russie, dont l'ombre a plané sur l'intégralité du processus de négociation.
A l'occasion de la conférence de presse de clôture du Sommet, les représentants européens l’Union européenne s'en sont pris à l'attitude omnipotente de la Russie, en affirmant ne pas accepter ce « veto » du pays dirigé par Vladimir Poutin sur ses relations avec les ex-républiques soviétiques.
« Nous ne pouvons pas accepter (…) d'avoir une sorte de possible veto d'un troisième pays » dans le cadre d'un accord d'association, a lancé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
De son côté, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy a affirmé que l'accord était « toujours sur la table »,laissant la porte ouverte à une future reprise des négociations avec l'Ukraine.
Le 21 novembre dernier, le président ukrainien avait déjà renoncé à signer l'accord européen et sous pression de la Russie. S'il signait cet accord avec l'Union, Viktor Ianoukovitch craint que son pays se dirige vers la faillite.
En outre, Kiev estime que l’adaptation aux normes européennes coûterait au pays environ 20 milliards de dollars (soit 14.7 milliards d'euros) par an. Les diplomates européens estiment que cette estimation est exagérée.
Pas de négociations trilatérales
Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch avait appelé au début du sommet à une négociation tripartite entre l'Union Européenne, l'Ukraine et la Russie. Une proposition repoussée par les dirigeants européens.
« On ne peut pas se permettre de donner le droit de veto à Moscou en ce qui concerne les affaires européennes », confirme un diplomate à EURACTIV. En effet, selon cette source, la propagande russe, qui consiste à dire que la conclusion de cet accord signerait l'arrêt de mort économique de l'Ukraine, est devenue une « prophétie autoréalisatrice » pour Viktor Ianoukovitch.
Mais les diplomates européens sont pessimistes sur les chances d'aboutir à un accord sous le mandat du président actuel. Ils fondent donc leur espoir sur les prochaines élections présidentielles, qui auront lieu le 28 mars 2015.
Révolte ou révolution ?
Les chefs de l'opposition ukrainienne semblent partager la même lecture de la situation et adopter une attitude attentiste. C'est ce qu'ils ont affirmé lors d'une rencontre avec le Parti populaire européen de centre-droit (PPE) à Vilnius en amont du sommet.
Selon Vitali Klitschko, ancien champion de boxe et chef proeuropéen de l'Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme (UDAR), si le pouvoir à Kiev ne veut pas écouter son peuple, il ne reste plus qu'une solution : changer de pouvoir lors des élections présidentielles en 2015. Et si la volonté du peuple n'est pas respectée, il faudra que ces élections aient lieu « bien plus tôt », a-t-il indiqué à EURACTIV.
Le vice-président du PPE et président de la rencontre préparatoire du sommet organisé par le parti de centre droit, Jacek Saryusz-Wolski, pense, de son côté, que deux scénarios se profilent à la suite du sommet de Vilnius. Le scénario premier et le plus probable est que l'Ukraine se tienne à égale distance de l'Union européenne et de la Russie jusqu'aux prochaines élections présidentielles. Le second scénario, bien plus sombre, est que l'Ukraine suive les pas de la Biélorussie et du Kazakhstan et rejoigne immédiatement l'union douanière sous l'égide russe.
EURACTIV a eu l'occasion de s'entretenir avec Eugenia Timochenko, la fille de l'ancienne première ministre, actuellement en prison. Elle demande aux dirigeants européens de faire tout leur possible pour que les prochaines élections présidentielles soient libres et équitables [lire l'entretien exclusif].
A l'issue du sommet, des milliers d'ukrainiens se sont rassemblés afin de former une chaîne humaine reliant leur pays à l'Europe, en signe de protestation contre le refus de leur président de se rapprocher de l'UE.