La Hongrie a qualifié de « fake news » les allégations d’un haut responsable ukrainien selon lesquelles Budapest aurait été prévenue par le président russe Vladimir Poutine de son intention d’envahir l’Ukraine et envisagerait même d’annexer une partie du territoire de son voisin.
Les médias locaux ont cité lundi 2 mai le secrétaire du Conseil national de sécurité ukrainien, Oleksiy Danilov, affirmant que la Hongrie savait qu’une attaque contre l’Ukraine était en préparation.
« La Hongrie déclare ouvertement sa coopération avec la Fédération de Russie. De plus, elle a été prévenue à l’avance par Poutine qu’il y aurait des attaques contre notre pays. Vous avez vu sa position », a déclaré M. Danilov, selon UNIAN.
M. Danilov a également affirmé que Budapest, qui comptait environ 140 000 Hongrois de souche vivant en Transcarpathie ukrainienne avant la guerre, prévoyait d’annexer une partie du territoire de son voisin du nord-est.
« Nous verrons bien quelles seront les conséquences de cette guerre pour ce pays », a ajouté M. Danilov.
Qualifiant ces rapports de « fake news », le secrétaire d’État hongrois à la communication et aux relations internationales, Zoltán Kovács, a déclaré que ces allégations étaient une réponse à la politique constante de la Hongrie de refuser de fournir des armes à l’Ukraine.
La Hongrie maintient sa politique de refus d’envoyer des armes à l’Ukraine et de ne pas autoriser le transit d’armes létales via son territoire en raison de ce qu’elle considère comme un risque de se mêler à la guerre.
« Bien que nous comprenions que l’Ukraine n’accueille pas favorablement notre décision, répandre des fake news et inventer des mensonges ne changera pas notre position », a écrit László Kovács sur Twitter.
Responding to fake news: On April 3, Hungarians decided that HU will not ship weapons to Ukraine. While we understand that UKR does not welcome our decision, spreading fake news and coming up with lies will not change our position. https://t.co/Zdbq3gKf8n
— Zoltan Kovacs (@zoltanspox) May 3, 2022
Les relations entre Budapest et Kiev étaient tendues avant la guerre en raison des droits de la minorité ethnique hongroise en Ukraine, et se sont encore dégradées depuis l’invasion de la Russie en Ukraine.
Alors que la Hongrie a voté en faveur de tous les paquets de sanctions de l’UE imposés à la Russie jusqu’à présent, elle s’est d’abord opposée avec véhémence aux sanctions visant les importations d’énergie, même si Budapest semble désormais avoir adouci sa position et qu’un embargo pétrolier de l’UE devrait être annoncé demain (4 mai).
En outre, la Hongrie a déjà rompu les rangs avec ses partenaires de l’UE en déclarant qu’elle était prête à se conformer aux demandes de Moscou d’être payée en roubles pour ses exportations de gaz.
En mars, la Hongrie a été contrainte d’annuler une réunion des ministres de la Défense des pays membres du groupe de Visegrad après que la Pologne et la République tchèque se soient retirées en raison du manque d’enthousiasme de Budapest à l’égard de l’action de l’UE contre Moscou.
Entre-temps, dans un entretien avec le quotidien italien Corriere Della Sera publié mardi 3 mai, le pape François a déclaré que le Premier ministre hongrois lui avait dit, lors d’une audience, que « les Russes ont un plan et que tout se terminera le 9 mai » — des commentaires qui semblent suggérer que Viktor Orbán pourrait effectivement avoir une idée des plans de la Russie.
Après les élections législatives du 3 avril, M. Orbán, nouvellement réélu, a rompu la tradition et, au lieu de faire sa première visite à l’étranger en Pologne, comme il l’a fait après chaque victoire depuis 2010, il a rendu visite au chef de l’Église catholique, ainsi qu’a Matteo Salvini, le chef de la Lega, parti d’extrême droite italien.