La Pologne pourrait boycotter le sommet de pays d’Europe centrale en Israël pour protester contre des propos du nouveau chef de la diplomatie israélienne accusant les Polonais d’antisémitisme.
Varsovie avait déjà annoncé dimanche que le Premier ministre, Mateusz Morawiecki, n’irait pas en Israël pour la réunion du groupe de Visegrád (« V4 », Hongrie, Pologne, République Tchèque et Slovaquie) avec son homologue israélien Benjamin Netanyahou, prévu pour le 19 février, et serait remplacé par son ministre des Affaires étrangères.
La Pologne avait réagi ainsi à des déclarations de Benyamin Netanyahou, citées dans la presse de son pays et portant sur le rôle des Polonais dans l’Holocauste. L’affaire ne s’est pas arrêtée là. Lundi, le chef du cabinet de Mateusz Morawiecki a dit à la radio publique que le déplacement du chef de la diplomatie Jacek Czaputowicz était maintenant « un gros point d’interrogation » en raison des déclarations de son homologue israélien Israel Katz.
Ce dernier a dit à la chaîne israélienne i24 que « de nombreux Polonais avaient collaboré avec les Nazis et, comme l’a dit (l’ancien Premier ministre israélien) Yitzhak Shamir, les Polonais sucent l’antisémitisme avec le lait de leur mère ».
« La situation a changé hier », a déclaré Michal Dworczyk. « Nous avons été confrontés à une déclaration honteuse du nouveau ministre des Affaires étrangères d’Israël, et dans ce contexte toute participation de représentants de l’État polonais au sommet du V4 en Israël devient un très gros point d’interrogation. »
Interrogés ensuite par les médias, les services du gouvernement ont indiqué qu’une décision concernant la présence de la Pologne au sommet du groupe de Visegrád « serait prise dans les prochaines heures ».
Benyamin Netanyahou avait assuré vendredi que la presse de son pays avait déformé ses propos, portant sur les responsabilités de ou des Polonais dans les crimes nazis contre les Juifs.
S’entretenant avec les journalistes israéliens qui l’accompagnaient à Varsovie mercredi et jeudi pour une conférence sur le Moyen-Orient, Benyamin Netanyahou « a parlé de Polonais, et non pas du peuple polonais ou de la Pologne », ont dit ses services dans un communiqué.
La presse israélienne a rapporté différemment les mots prononcés par Benyamin Netanyahou et les services gouvernementaux israéliens n’ont pas précisé à quelle version ils faisaient référence.
Les commentateurs polonais ont souligné que les déclarations israéliennes sont faites dans le contexte de la campagne électorale dans l’État hébreu.