L’Iran prépare des mesures « réciproques » si l’Union européenne décidait de placer sur sa liste noire les Gardiens de la Révolution, comme le souhaite le Parlement européen, a averti dimanche (22 janvier) le chef de la diplomatie iranienne.
Le Parlement iranien examine les conditions pour « mettre des entités des armées des pays européens sur la liste terroriste » du pays, a annoncé le ministre Hossein Amir-Abdolahian sur Twitter.
Téhéran multiplie les mises en garde aux Européens depuis que les eurodéputés ont adopté jeudi une résolution invitant l’UE à inscrire les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, sur la liste des « organisations terroristes » de l’UE.
Interrogé sur d’autres mesures que pourrait prendre Téhéran, le ministre a répondu qu’un éventuel retrait de son pays du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et une expulsion des inspecteurs de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) de ses sites nucléaires n’étaient pas écartés.
« Si des dirigeants politiques européens […] n’empruntent pas la voie de la raison et ne corrigent pas leurs positions, toute option est envisageable », a-t-il dit, cité par l’agence officielle Irna.
Le ministre a notamment critiqué le « manque d’expérience diplomatique » de certains dirigeants européens, citant la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.
Le président du Parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf, a de son côté affirmé dimanche que l’Iran « répondrait immédiatement et fermement » si l’UE allait dans ce sens, en « reconnaissant les armées des pays européens (…) comme groupes terroristes ».
Des diplomates européens ont indiqué que la décision n’avait pas encore été prise sur les Gardiens. Mais les ministres des Affaires étrangères des 27 pays de l’UE devraient s’entendre lundi (23 janvier) sur de nouvelles sanctions contre 37 personnes ou entités iraniennes impliquées dans la répression des manifestations.
Dans leur résolution, les eurodéputés mettent en cause les Gardiens pour leur rôle face au mouvement de contestation déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, mais aussi pour « la fourniture de drones à la Russie » dans le cadre de la guerre en Ukraine.
Les autorités iraniennes qualifient généralement les protestations d’« émeutes » encouragées par des pays et organisations hostiles à l’Iran.
Des centaines de personnes, parmi lesquelles des membres des forces de sécurité, ont été tuées pendant les manifestations, et des milliers arrêtées. Quatre hommes ont été exécutés, suscitant un tollé international.