Deux mois après que la Commission européenne a proposé une assistance macrofinancière urgente d’un montant maximal de 9 milliards d’euros pour assurer la solvabilité de l’État ukrainien, les ministres des Finances de l’UE ont donné leur feu vert, mardi (12 juillet), à l’octroi d’une aide financière d’un milliard d’euros, couverte par le budget de l’UE.
Le reste de cette assistance macrofinancière, proposée en mai dernier, fait toujours l’objet de discussions et pourrait ne pas être décidé avant l’automne de cette année.
« La suite de l’aide matérielle et financière n’est pas une option, mais notre devoir », a déclaré Zbyněk Stanjura, le ministre tchèque des Finances qui a présidé la réunion des ministres des Finances de l’UE pour la première fois mardi.
Maintenir le gouvernement ukrainien à flot
L’invasion russe de l’Ukraine, qui a débuté le 24 février, a entraîné l’effondrement de certaines parties de l’économie ukrainienne. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement ukrainien a besoin d’environ 5 milliards d’euros par mois pour rester à flot.
Le milliard d’euros sur lequel les ministres des Finances du bloc se sont mis d’accord mardi couvre donc les besoins de financement à court terme de l’Ukraine pendant environ six jours.
En mai, la Commission a proposé une assistance macrofinancière urgente d’un montant maximal de 9 milliards d’euros — ce qui soulève la question de savoir pourquoi, deux mois plus tard, on a pu s’accorder que sur un milliard d’euros uniquement.
« Nous attendons la proposition spécifique de la Commission », a déclaré un fonctionnaire européen, ajoutant que les ministres des Finances de l’UE ne discuteraient probablement pas officiellement d’une assistance macrofinancière supplémentaire pour l’Ukraine avant l’automne.
Limites budgétaires et désunion
Ce retard n’est pas seulement dû à la tâche technique que l’exécutif européen doit effectuer pour organiser les fonds, mais aussi aux limites du budget de l’UE et à la désunion des États membres.
Le premier milliard peut être versé car 70 % des prêts bonifiés accordés à l’Ukraine sont garantis par le budget de l’UE. Toutefois, le budget de l’UE a atteint ses limites et ne peut être utilisé pour garantir les 8 milliards restants.
« Le caractère exceptionnel de cette aide macrofinancière découle des circonstances spécifiques de la guerre en Ukraine, qui nécessitent un taux de provisionnement au titre du budget de l’Union de 70 %, par opposition à un taux traditionnellement fixé à 9 % », a confié un porte-parole de l’exécutif européen à EURACTIV.
Pour fournir une assistance macrofinancière supplémentaire, l’UE a donc besoin que les États membres s’engagent à fournir des garanties financières supplémentaires. Et là, les discussions ne deviennent pas seulement techniques, mais aussi politiques.
« Il y a des discussions pour savoir qui promet combien et pour savoir si les engagements précédents pourraient être pris en compte pour ces nouvelles promesses », a déclaré un autre fonctionnaire européen.
L’Allemagne fait-elle obstacle ?
D’après un rapport du média Corriere Della Sera, l’Allemagne freine actuellement le paquet de soutien. Citant des sources à Bruxelles et à Kiev, le rapport affirme que l’Allemagne est réticente vis-à-vis du système d’emprunt commun envisagé par la Commission européenne pour financer le paquet.
Le ministère allemand des Finances n’a ni confirmé ni démenti ces allégations. Plus tôt cette année, le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, s’est positionné contre les emprunts communs de l’UE.
« La communautarisation d’un instrument financé par la dette qui est ensuite accordé sous forme de subvention » n’est pas envisageable, a déclaré M. Lindner.
Toutefois, il a également déclaré que la seule façon de financer un modèle consistant à « emprunter pour prêter » afin d’aider l’Ukraine serait que les États membres, et non l’UE, émettent des garanties pour leur propre contribution. C’est à cela que ressemblerait en substance l’assistance macrofinancière exceptionnelle à l’Ukraine, mais comme elle sera probablement subventionnée, il ne s’agit pas d’un prêt normal accordé à l’Ukraine.
Comme les autres États membres, l’Allemagne attend toujours la proposition de la Commission européenne sur la manière de financer les 8 milliards d’euros restants.
« Dès que cette proposition sera disponible, elle sera évaluée par les États membres », a déclaré un porte-parole du ministère allemand des Finances à EURACTIV.
Un porte-parole de l’exécutif européen a déclaré à EURACTIV que la Commission avait l’intention de « présenter prochainement une proposition appropriée concernant le reste de l’assistance macrofinancière exceptionnelle à l’Ukraine ».
« Le travail technique associé sur cette deuxième partie du paquet est en cours », a déclaré le porte-parole, ajoutant que la Commission « travaillait d’arrache-pied pour progresser aussi vite que possible ».