L’irlandais s’impose dans les institutions européennes

Oscar Wilde, célèbre dramaturge irlandais et fin linguiste, aurait probablement salué cette avancée vers l’égalité des langues. [Samuel Morgan]

Langue officielle de l’UE depuis 2007, l’irlandais devra attendre 2022 pour devenir une langue de travail des institutions européennes.

« Tá gach ainmhí cothrom ach tá roinnt ainmhithe níos cothroime ná a chéile. » Pour les non polyglottes : « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ». Cette célèbre maxime de George Orwell, tirée de son livre la Ferme des animaux, traduit parfaitement l’attitude de l’Union européenne envers le gaélique irlandais.

« Dérogation »

Même s’il s’agit d’une des 24 langues officielles de l’UE, l’irlandais n’existe en réalité que dans les limbes administratifs, à cause d’une « dérogation ». Cela signifie que, malgré son statut, les institutions européennes ne sont pas obligées de tout traduire ou interpréter vers cette langue, comme c’est le cas pour les 23 autres. La traduction vers l’irlandais n’est obligatoire que pour les règlements adoptés conjointement par le Parlement européen et le Conseil.

Lorsque l’île a rejoint le bloc en 2004, le maltais se trouvait dans la même position, jusqu’à ce que la dérogation soit levée en 2007, plaçant la langue sur le même pied d’égalité que les autres. Il faut toutefois noter que le maltais est la langue maternelle d’environ 500 000 personnes, alors que l’irlandais serait parlé par 100 000 personnes.

Le 3 décembre, le Conseil a cependant annoncé qu’il soumettrait un projet de règlement pour augmenter le nombre de domaines dans lesquels la traduction irlandaise est obligatoire, dans le but de mettre fin à la dérogation d’ici le 1er janvier 2022. Les services de traduction des institutions vont devoir s’étendre pour faire face à une charge de travail croissante.

« Grève du langage »

Les citoyens européens ont le droit d’utiliser n’importe quelle langue officielle pour s’adresser aux institutions européennes, qui doivent répondre dans la même langue. Au début de l’année, l’eurodéputé Liadh Ní Riada (Sinn Féin), a fait une « grève du langage » d’une semaine pour protester contre « le statut de seconde classe donné à l’irlandais », en refusant de parler autre chose que sa langue maternelle pour communiquer avec les institutions. 

Si chaque branche de l’UE a son propre service de traduction, c’est la Direction générale de la traduction (DGT) de la Commission qui réalise le plus gros du travail. Son budget est d’environ 330 millions d’euros par an. En 2014, 2,3 millions de pages ont été traduites par la DGT. Des estimations indiquent que le coût total de la traduction pour toutes les institutions représente 1 % du budget annuel de l’UE, ou 2 euros par citoyen par an.

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