Aux 30 ans d’Erasmus, politiques et enseignants ont plaidé pour un élargissement des moyens du programme européen. Ce succès indéniable n’est pour l’heure accessible qu’à 7 % des jeunes.
« 17 milliards sur 1000 milliards d’euros, c’est insuffisant pour cette arme de citoyenneté massive ». Pour le ministre des Affaires européennes, Harlem Desir, comme pour la majorité des participants aux 30 ans d’Erasmus organisés à Paris ce 9 janvier, les succès d’Erasmus appellent à élargir son financement.
Erasmus+ a réuni enseignants, étudiants et politiques à Paris le 9 janvier pour son 30ème anniversaire, autour des ministres de l’Éducation et du Travail français, du ministre des Affaires européennes Sandro Gozi ou encore du commissaire européen Pierre Moscovici.
En 30 ans, le programme d’échange destiné au départ aux seuls universitaires a déjà largement évolué. Au total, 5 millions d’étudiants, dont 600.000 Français y ont participé, et le nombre d’échanges s’accélère, avec désormais 35000 lycéens et étudiants par an, mais aussi 16000 apprentis en France, comme l’a souligné la ministre de l’Éducation.
« On entend souvent des politiciens promettre d’étendre Erasmus aux apprentis, mais c’est déjà le cas ! », a rappelé la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem.
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Prochain objectif, qui ne devrait toutefois pas être mis en place avant 2020 : permettre l’accès du programme aux formations professionnelles.
100% de satisfaction
Côté financement, le programme Erasmus a vu son ampleur renforcée pour la période 2014-2020, avec un budget en hausse de 40 %. Mais il ne concerne pour l’heure que 7 % des 18-25 ans, alors que les trois quarts des jeunes souhaiteraient en bénéficier. Et pour cause : 100 % des Erasmus recommandent le programme, un taux de satisfaction exceptionnel.
Pour le ministre des Affaires européennes, Sandro Gozi, ex-étudiant Erasmus à la Sorbonne à Paris, le programme devrait voir ses ressources décuplées. « Avec 150 milliards, on aura dix fois plus d’échanges» s’est emballé le ministre, avant d’être rappelé à la réalité par le commissaire Pierre Moscovici.
«Le problème, c’est que le budget européen représente moins de 1 % du PIB des Etats membres, c’est beaucoup trop peu» s’est désolé le commissaire, qui appelle à une refonte des priorités pour la période post 2020.
«On a 40 % du budget qui va à l’agriculture, 40 % vers des fonds structurels dont l’efficacité est discutable, trop peu pour le capital humain et la recherche a regretté le commissaire aux affaires économiques».
Les enjeux politiques du programme ont en revanche été abordés du bout des lèvres. L’éducation a un rôle dans l’éducation à la citoyenneté, dans l’apprentissage de la liberté d’expression» a souligné Najat Vallaud-Belkacem, rappelant l’attentat perpétré il y a deux ans contre Charlie Hebdo à Paris, après lequel les ministres de l’Éducation de l’UE ont tenté la mise en place d’un programme européen sur la citoyenneté.
«À l’heure où certains souhaiteraient que l’éducation ne soit que nationale, que la mobilité ne soit réservée qu’à une élite, il faut rappeler les atouts de l’UE», a insisté Najat Vallaud-Belkacem.
Mais c’est surtout une jeune Ukrainienne, Naliaa Vakulenko, actuellement étudiante Erasmus à l’université d’Amiens, et participante des manifestations Euromaidan en 2014 en Ukraine, qui a rappelé l’importance du rêve européen.
« Nous nous sommes battus pour obtenir le droit de faire partie de l’UE, nous avons lutté place de l’Indépendance pour cela. De nombreux d’entre nous sont morts, de très jeunes ont donné leur vie pour que ce monde change» a rappelé, la jeune fille, appelant les participants d’Erasmus à réaliser leurs rêves.
« On est dans un moment où un certain nombre de gens aiment dire que l’élargissement était une mauvaise chose, et que l’élargissement devrait s’arrêter. Mon père était d’origine roumaine, ma mère polonaise. L’Europe c’est forcément une société ouverte, il faut faire ce travail culturel sur ce qu’est l’Europe pour qu’elle reste réalité » a de son côté estimé le commissaire Pierre Moscovici en Européen convaincu.