Guerre en Ukraine : les eurodéputés condamnent les viols et demandent un accès à l’avortement pour les réfugiés

Alors que la Russie continue de nier avoir commis des crimes de guerre en Ukraine, les rapports et les allégations de viols et de torture se multiplient rapidement. [EPA-EFE/NUNO VEIGA]

Dans une proposition de résolution adoptée jeudi (5 mai), les législateurs européens ont condamné l’utilisation du viol comme arme de guerre en Ukraine et ont demandé à l’Union européenne de veiller à ce que les femmes réfugiées aient accès aux pilules contraceptives et à l’avortement dans l’ensemble du bloc.

« Les viols commis en masse, la violence sexuelle et sexiste, la torture et le génocide sont utilisés comme des armes de guerre », a déclaré l’eurodéputé Robert Biedroń (S&D), rapporteur de la résolution sur l’impact de l’invasion russe en Ukraine sur les femmes.

Alors que la Russie continue de nier avoir commis des crimes de guerre en Ukraine, les rapports et les allégations de viols et de torture se multiplient rapidement.

Mardi (3 mai), la représentante spéciale des Nations unies chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Pramila Patten, a averti que ces rapports « ne représentent que la partie émergée de l’iceberg » et a déclaré qu’elle avait également reçu des rapports d’abus contre des hommes et des garçons.

Parallèlement à cela, les militants et les eurodéputés ont exprimé leurs préoccupations quant à l’accès aux services de santé pour les femmes qui décident de quitter l’Ukraine.

Ukraine : viols, traite des êtres humains et pas d’accès à l’avortement pour les réfugiés en Pologne

Les femmes ukrainiennes qui fuient la guerre sont exposées à des violences sexuelles, à des viols et à la traite des êtres humains, et celles qui tombent enceintes ne peuvent pas recourir à l’avortement en Pologne en raison de la législation anti-avortement du pays.

Dans la résolution, les législateurs européens ont demandé à l’UE de s’assurer que ces femmes puissent avoir accès à la contraception et aux avortements dans tous les États membres, y compris en Pologne, où une interdiction de facto de l’avortement a été introduite en 2020.

Garantir l’accès à des avortements sûrs

« Il est inacceptable que des femmes cherchant refuge dans l’UE soient privées de services fondamentaux de santé sexuelle et reproductive », a déclaré M. Biedroń.

Pour garantir l’accès aux soins reproductifs, la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson a déclaré que l’UE et les États membres feront don de pilules contraceptives d’urgence aux femmes ukrainiennes.

« Les femmes qui ont subi des viols et des violences sexuelles doivent avoir accès à un avortement sûr et à des traitements de santé sexuelle et reproductive immédiatement et sans condition », a-t-elle affirmé devant les députés.

En outre, la commissaire a annoncé qu’elle travaillerait à la mise en place de centres pour les survivants en Ukraine, suite à un appel téléphonique avec la vice-première ministre ukrainienne, Olha Stefanishyna, mercredi.

« Elle nous a dit que le nombre de cas de viols avait explosé et que l’Ukraine ne pouvait pas y faire face seule », a déclaré Mme Johansson.

La responsabilité de Moscou

Au cours du débat, les députés ont également souligné la nécessité de renforcer la lutte de l’UE contre l’impunité et de tenir la Russie pour responsable des crimes de guerre commis en Ukraine.

L’eurodéputée Katalin Cseh a également appelé l’exécutif européen à mettre en place un « bureau intérimaire » à la Cour pénale internationale (CPI) pour rassembler les preuves de ces crimes.

« L’UE devrait fournir un financement pour cela, car chacun de ces cas doit être enregistré », a-t-elle déclaré.

Mme Johansson a toutefois mis en garde contre la difficulté de recueillir les témoignages des victimes.

« De nombreuses femmes violées ne veulent pas en parler. Nous devons encourager ces victimes à témoigner », a-t-elle déclaré, appelant à un soutien spécifique pour les victimes de violences sexuelles.

Entre-temps, la Commission européenne a déjà intensifié ses actions pour soutenir les enquêtes sur les crimes de guerre en Ukraine.

En avril, l’exécutif européen a proposé d’étendre le mandat de l’institution judiciaire de l’UE afin de permettre la collecte de preuves et la collaboration directe avec la CPI.

« Nous ne devons négliger aucune piste pour punir les auteurs de ces crimes », a déclaré Mme Johansson.

Guerre en Ukraine : après l’aide militaire et l’aide médicale, l’aide psychologique

La santé mentale des Ukrainiens, et plus généralement des personnes en exil, était au coeur des discussions de la coalition pour la santé mentale de l’OMS réunie pour la première fois mercredi 4 mai, en présence de la commissaire à la santé Stella Kyriakides.

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