Le ministère slovaque de la Santé a révoqué un document qui donnait des indications sur la manière de mener des procédures de changement de sexe, alimentant les craintes que les professionnels de santé ne reviennent aux pratiques passées de castration et de stérilisation forcées.
La décision a été prise à la demande du Parti national slovaque « pour démontrer la stabilité de la coalition gouvernementale », a déclaré la ministre de la Santé du parti Hlas, Zuzana Dolinková.
« On peut s’attendre à ce qu’après l’abolition des directives professionnelles, la pratique de la castration et de la stérilisation forcées réapparaisse en Slovaquie comme condition d’une transition légale ou médicale », a déclaré Zara Kromková, experte en droits des transgenres de l’ONG Sapling, faisant référence à une pratique que la Cour européenne des droits de l’homme a condamnée dans une affaire datant de 2017.
La question sera abordée de manière « complète et professionnelle » dans le cadre de l’adoption de la nouvelle classification internationale des maladies, a ajouté Mme Dolinková.
Toutefois, la décision du ministère est en « contradiction flagrante » avec les obligations internationales en matière de droits humains, selon Lucia Poláková, députée du parti Slovaquie progressiste, qui a déclaré qu’elle demanderait à la ministre comment elle comptait assurer une « transition respectueuse » conformément à de telles obligations.
Ces lignes directrices étaient l’une des demandes de l’initiative « Our Life Is At Stake » (« Nos vies sont en jeu »), qui réclamait davantage de droits pour les personnes LGBTQIA+ après que deux personnes ont été abattues à l’extérieur d’un bar gay à Bratislava l’année dernière.
Martina Bednár, militante transgenre, estime qu’il n’y a « aucune raison » de révoquer les lignes directrices et que la Slovaquie devrait s’orienter vers une approche encore plus progressiste qui n’exige pas l’approbation d’un médecin avant de demander un changement de sexe. Le parti Slovaquie progressiste a fait campagne en faveur d’un changement de sexe basé sur l’auto-identification, similaire à la proposition présentée par le gouvernement allemand avant l’été.
Mais en Slovaquie, l’Union chrétienne, parti d’opposition, a déjà déposé une motion visant à réformer la loi sur les numéros d’identification nationaux, qui n’autoriserait le changement de sexe légal que sur la base de « tests génétiques », interdisant de fait le changement de sexe dans son ensemble.
Bien qu’elle soit dans l’opposition, l’Union chrétienne affirme que la loi a une « réelle chance d’être approuvée », car elle a été soutenue par les députés de la coalition actuelle du Smer et des nationalistes lors de la précédente législature.