Le patron du groupe Air France-KLM, Benjamin Smith, a annoncé mardi 3 mars que les projets d’écotaxe sur l’aviation devraient être reportés en raison de l’impact économique du coronavirus sur le secteur.
Lors de la conférence Airlines 4 Europe (A4E) à Bruxelles, le PDG a indiqué que l’industrie de l’aviation était durement touchée par le virus, qui a fait plus de 3000 morts dans le monde, et a annoncé que l’initiative d’augmenter les taxes aériennes serait suspendue.
« Au vu de l’épidémie de coronavirus, nous demandons aux gouvernements de suspendre l’introduction de nouvelles taxes aériennes, [qui] nous mettent une pression supplémentaire, notamment en France et aux Pays-Bas », a expliqué Benjamin Smith à la conférence.
« Ces taxes sont imposées au nom du développement durable, mais le produit n’est pas réinvesti dans cette cause. Ce n’est pas honnête, c’est décevant », a affirmé le directeur du groupe aérien.
Un impôt de 7 € sur le transport de passagers doit être prélevé à partir de 2021 aux Pays-Bas, ainsi qu’un supplément pour les cargos. Selon les estimations du gouvernement néerlandais, ces taxes pourraient rapporter 200 millions d’euros par an.
Les Pays-Bas ont mis en place cette mesure auxiliaire au cas où aucune initiative ne serait prise au niveau européen cette année.
En novembre, neuf pays ont appelé la Commission européenne à taxer le transport aérien dans une optique plus environnementale, afin de créer des conditions de concurrence plus équitables entre tous les pollueurs — une situation qu’ils qualifient d’« occasion sans précédent ».
Mais jusqu’à présent, l’exécutif européen a éludé la question. Sa principale initiative en matière de transports annoncée en décembre dans le cadre du « Green Deal » visait à inclure les émissions de CO2 du transport maritime au marché du carbone européen.
Benjamin Smith a aussi annoncé lors de la conférence que le coronavirus pousserait l’industrie aéronautique à centraliser ses activités.
« En ce qui concerne la centralisation, oui, je dirais qu’il existe bon nombre de compagnies aériennes faibles dans le monde », a admis le PDG.
« Je pense que cela accélérera très certainement le processus de centralisation », a-t-il ajouté, sans préciser s’il faisait référence à la faillite des compagnies aériennes, à leur fusion, ou aux deux.
Le patron du groupe aérien a conclu que l’impact décisif du coronavirus se mesurera lors des réservations d’été et à long terme, lorsqu’un tableau plus complet de la situation économique du transport aérien post-coronavirus pourra être dressé.
Michael O’Leary, le PDG de Ryanair, s’est montré plus positif quant à l’avenir de l’industrie. Il affirme que les activités seront plus lentes pendant quelques semaines, puis que « les gens en auront assez du coronavirus ». Il s’attend à ce que les affaires reprennent en mai ou en juin.