Les taxes sur l’aviation gagnent du terrain en Europe

En avril, Ryanair est devenue la première compagnie aérienne à figurer parmi les dix plus grands pollueurs d’Europe. De grandes économies comme la France et l’Allemagne ont commencé à chercher des alternatives au transport aérien en imposant de nouvelles taxes.

Le 9 juillet, la France a annoncé l’application d’une taxe sur tous les voyages aériens au départ de la France entraînant une baisse du cours des actions de certaines des plus grandes compagnies aériennes européennes.

Plusieurs États membres, dont l’Allemagne et les Pays-Bas, ont également mis en place des taxes aériennes ou sont en train de le faire. Les pays qui dépendent des revenus du tourisme, stimulés par les voyages aériens, ne sont pas aussi enthousiastes.

L’objectif ultime est de réduire l’impact du transport aérien sur l’environnement, de soutenir des options alternatives plus écologiques et de générer 39 milliards d’euros de bénéfices supplémentaires par an pour les pays de l’UE, selon certaines études. Les principales compagnies aériennes, y compris Ryanair, estiment que ce n’est pas une solution à long terme.

Aux organisations tentant de décourager le transport aérien européen, le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, a répondu le 10 juillet que « la taxation est un concept très différent de la protection de l’environnement ».

« Nous sommes sensibles à la critique selon laquelle nous polluons l’environnement sans vergogne parce que, franchement, ce n’est pas vrai », a-t-il déclaré aux journalistes, en rappelant les taxes écologiques que les compagnies aériennes paient déjà et l’investissement dans des avions à faible consommation de carburant.

Michael O’Leary, actuellement président de Airlines for Europe, un groupe industriel, a déclaré que les compagnies aériennes ne représentaient qu’environ 2 % des émissions mondiales, mais qu’elles étaient pourtant dans le collimateur des décideurs et des environnementalistes.

Si aucune autre mesure n’est prise, les émissions devraient être 70 % supérieures en 2020 par rapport à 2005. L’Organisation de l’aviation civile internationale prévoit que d’ici à 2050, elles pourraient encore augmenter de 300 à 700 %.

Au lieu de taxer les compagnies aériennes, estime le PDG de Ryanair, l’argent devrait être investi dans la recherche et le développement des avions, en explorant des questions telles que les biocarburants et l’efficacité des avions. Une autre demande de longue date des compagnies aériennes est d’améliorer la gestion du trafic aérien pour un routage plus efficace.

Il a également averti qu’une augmentation des taxes coûterait des emplois en Europe et entraverait la croissance économique, tout en punissant les consommateurs avec une hausse des prix de billets.

Un rapport de la Commission européenne, divulgué pour la première fois par le Financial Times en mai, concluait qu’une taxe sur le kérosène de 330 euros pour mille litres réduirait les émissions de 11 %, avec un impact « négligeable » sur l’emploi et le PIB européen.

Bruxelles envisagerait une taxe sur le kérosène

Si le kérosène ne bénéficiait pas d’une dérogation fiscale dans l’UE, l’empreinte carbone de l’aviation chuterait de 11 %, soit de 16,4 millions de tonnes de CO2.

Modèles nationaux

Les écotaxes imposées par le gouvernement français s’élèveraient à 18 euros par vol et devraient rapporter environ 180 millions d’euros par an.

Cette mesure, qui entrera en vigueur à partir de 2020, imposera une taxe de 1,50 € sur les billets en classe économique sur les vols intérieurs et intra-européens, a déclaré Elisabeth Borne, ministre des Transports. Les vols en correspondance et à l’arrivée seront exclus de la taxe.

Le gouvernement français a déclaré que l’argent provenant de la taxe serait utilisé pour faire avancer des alternatives de transport moins polluantes – autobus urbains, trolleybus, tramways et ferries.

Le gouvernement instaure une taxe écologique sur le transport aérien

Le gouvernement va mettre en place dès 2020 une écotaxe de 1,50 à 18 euros sur les vols au départ de la France et réduire l’avantage fiscal accordé aux transporteurs routiers sur le gazole. Un article de notre partenaire La Tribune.

La taxe aérienne allemande est une taxe de départ sur le transport aérien commercial. Le montant dû par passager dépend de la distance entre le plus grand aéroport commercial du pays de destination et le plus grand aéroport allemand, Francfort-sur-le-Main. Les prix varient de 7,38 € à 41,49 € par passager, selon la distance.

Pourquoi n’existe-t-il pas de taxe sur le kérosène ?

Mis à part les Pays-Bas, qui n’ont pratiquement pas de vols intérieurs, aucun pays européen ne s’est attelé à la création d’une taxe sur le kérosène.

Le gouvernement néerlandais a accompagné plusieurs autres États membres dans la recherche d’alternatives de voyage plus respectueuses de l’environnement en formulant un plan visant à introduire une taxe sur le transport aérien d’ici le 1er janvier 2021.

Le gouvernement a annoncé qu’une taxe européenne sur l’aviation était préférable mais a temporairement choisi de rédiger un projet de loi national qui appliquerait automatiquement une taxe de 7 € à tous les vols européens au départ du pays.

Le projet de loi servira théoriquement de filet de sécurité si aucune taxe à l’échelle européenne n’est mise en place. Cela semble probable, étant donné que la politique fiscale est du seul ressort des gouvernements nationaux et que les changements au niveau de l’UE exigent des décisions unanimes.

Le secrétaire d’État néerlandais aux Finances, Menno Snel, a déclaré que, « contrairement aux voyages en voiture, en bus ou en train, les vols internationaux en provenance des Pays-Bas ne sont en aucun cas taxés par le gouvernement néerlandais ».

« C’est l’une des principales raisons de l’introduction d’une taxe sur les vols. Il permettra également de combler l’écart de prix entre les billets d’avion et les billets de train », a-t-il ajouté.

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