La présidence autrichienne a défié toutes les attentes en négociant un objectif de réduction des émissions de CO2 des voitures de 37,5 % d’ici 2030, malgré l’opposition notable de l’Allemagne.
Selon un accord trouvé par le Parlement européen et les 28 États membres le lundi 17 décembre au soir, les émissions de CO2 des nouvelles voitures devront baisser de 37,5 % d’ici à 2030 et de 31 % pour les véhicules utilitaires type fourgon, camionnettes, etc.
La Commission européenne avait d’abord proposé une réduction de 30 % pour les deux types de véhicules, et le Parlement visait un objectif de 40 %.
L’objectif sera calculé par rapport au niveau d’émissions de 2021, avec une étape intermédiaire de 15 % de réduction des émissions, qui devra être atteinte avant 2025.
Les responsables énergie de la Commission ont salué l’accord. Miguel Arias Cañete, commissaire en charge du climat et de l’énergie, a qualifié les nouvelles références d’« objectifs ambitieux » et déclaré que l’Europe montrait à nouveau comment concrétiser l’accord de Paris et la COP24.
Quant à Maroš Šefčovič, commissaire en charge de l’Union de l’énergie, il estime qu’il s’agit « d’une étape crédible dans la mise en œuvre de l’accord de Paris mais également d’une autre étape décisive dans le soutien de la compétitivité à long terme de l’industrie européenne, étant donné que cela stimulera l’investissement dans la chaîne de valeur de l’UE, comme dans les batteries ou d’autres technologies clés ».
L’accord a déjà été qualifié « d’insuffisant » par les militants écologistes et « irréaliste » par l’industrie automobile.
L’accord du 17 décembre met un point final à des négociations houleuses entre les négociateurs, qui ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur la limite.
C’est l’Allemagne qui la première a dévoilé ses cartes en soutenant la proposition de la Commission à 30 %. Une tentative évidente de protéger son immense secteur de l’automobile des perturbations. Berlin a mis en garde contre des objectifs trop stricts et craint qu’une transition vers des voitures électriques ne lui coute des emplois et la santé de son industrie automobile, qui pèse 423 milliards d’euros.
Mais des pays plus progressistes, comme les Pays-Bas et la France, sont venus réclamer davantage.
« C’est un signal important dans notre lutte contre le changement climatique », a déclaré Elisabeth Koestinger, ministre du Développement durable en Autriche, pays qui détient jusqu’à la fin de l’année la présidence tournante de l’UE.
La présidence autrichienne de l’UE a fait l’objet de critiques de la part des décideurs politiques et des militants, qui lui reprochent de ne pas avoir trouvé d’accord plus tôt dans l’année.
Selon des sources proches de l’UE, la présidence n’a pas réussi à changer ses propositions de compromis dans les négociations en trilogue. Selon elle, il existait un véritable risque de finir l’année sans accord.
Finalement, un terrain d’entente a été trouvé sur les objectifs généraux, en limitant le double comptage des véhicules hybrides rechargeables et en mettant en place un système qui assurera que les réductions d’émissions sur la route correspondent à celles testées en laboratoire.
Les eurodéputés voulaient introduire une pénalité pour les constructeurs automobiles qui n’atteignent pas leurs objectifs, mais cette idée a été laissée pour compte au cours des négociations. Les marques qui ne produisent pas de véhicules en série seront exemptées des règles jusqu’en 2028.
Les députés européens et le Conseil devront à présent signer l’accord. Des discussions sont en cours sur la première tentative de l’UE de réglementer les émissions de CO2 des poids lourds, bien que des doutes subsistent quant à la conclusion d’un accord final avant les élections européennes de mai 2019.