Examiné ce dimanche 14 mars en commission, l’article 36 du projet de loi Climat vise à interdire les liaisons aériennes intérieures quand il existe une alternative en train de moins de 2 h 30. Des lignes comme Orly-Nantes, Orly-Lyon voire Paris-Rennes seraient concernées. Un article de notre partenaire Ouest-France.
Les députés ont donné un premier aval ce dimanche 14 mars en commission à la suppression de certaines lignes aériennes intérieures, en cas d’alternatives en train de moins de 2 h 30, après un vif débat et des voix divergentes jusque dans la majorité.
Des exceptions pour les trajets en correspondances seraient toutefois possibles, selon l’article 36 du projet de loi Climat, examiné en commission et attendu dans l’hémicycle fin mars.
Alors que les écologistes jugent la mesure insuffisante, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a défendu la philosophie du gouvernement
: décarboner
tout en protégeant la liberté fondamentale de se déplacer
et la cohésion des territoires
.
Insuffisant pour les uns, trop contraignant pour les autres
Le co-rapporteur Jean-Marc Zulesi (LREM) a lui aussi revendiqué le bon équilibre
de l’article, qui ferait de la France le premier pays à acter dans la loi
une telle mesure.
Dans la majorité, certains élus MoDem comme Nicolas Turquois ont réclamé la suppression de cet article. Avec la crise sanitaire, on a une filière qui a les deux genoux à terre, n’est tenue que par les subsides publics
, a-t-il insisté en évoquant les menaces pour les emplois dans sa circonscription de la Vienne, chez Thalès.
Je crains que nos discussions ne soient décalées
par rapport à la crise du secteur, l’a rejoint Martial Saddier chez LR, demandant en vain de repousser dans le temps cette suppression de vols.
À l’inverse, l’écologiste Delphine Batho ou l’insoumise Sabine Rubin ont réclamé de respecter la proposition de la Convention citoyenne pour le climat : supprimer les vols intérieurs dès qu’une alternative existe en moins de quatre heures, et non pas 2 h 30.
Pour Delphine Batho, le débat capital
est la décroissance du secteur aérien
, alors que le projet de loi ne concerne pas des lignes comme Paris-Marseille
.
Fin des Orly-Nantes, Orly-Lyon et Orly-Bordeaux
Avec le texte gouvernemental, ce sera la fin des Orly-Nantes, Orly-Lyon et Orly-Bordeaux, qui représentaient en 2019 quelque 4 % des voyages aériens intérieurs hors DOM-TOM et Corse, soit 1,1 million de passagers, selon le cabinet spécialisé Archery Consulting.
Les lignes Paris-Rennes et Lyon-Marseille seraient aussi concernées selon Réseau Action Climat, mais pas les lignes les plus émettrices Paris-Nice, Paris-Toulouse et Paris-Marseille.
Le texte entérine surtout l’existant, puisque le gouvernement avait contraint Air France à renoncer à ces liaisons en contrepartie d’un soutien financier en mai 2020. Le projet de loi interdira aux concurrents de s’engouffrer dans la brèche.
Auparavant, Delphine Batho avait provoqué un vif débat en décrivant l’avion sans conteste comme le mode de transport le plus climaticide
, un terme aussitôt critiqué par la majorité.
Mesurons les propos que nous allons tenir sur l’aérien, les personnes qui travaillent dans l’aérien ne sont pas des criminels
et c’est un secteur dans la mouise
à cause de la crise sanitaire, a insisté le député LREM Guillaume Kasbarian.