Le futur métro de la région parisienne vient de trouver une nouvelle source de financement. La capitale, qui accueille les JO en 2024, veut saisir l’opportunité du Grand Paris pour repenser la ville. La gratuité des transports en commun est à l’étude.
L’Assemblée nationale a voté le 16 novembre la création d’une taxe de séjour additionnelle de 15 % en Île-de-France, pour financer la Société du Grand Paris (SGP). C’est elle qui est chargée de construire le futur métro automatique autour de la capitale.
Cette nouvelle taxe vise à faire participer visiteurs et touristes, qui empruntent le réseau de transports franciliens, au financement de la SGP, à hauteur d’une vingtaine de millions d’euros annuels.
« Aujourd’hui, pour un palace parisien, la taxe de séjour est plafonnée à 4 euros, pour des chambres à 1.000 euros. Pour un trois étoiles c’est 1,50 euro », a souligné M. Carrez, rapporteur du texte, évoquant un « effet raisonnable » pour les visiteurs.
Un projet pour que Paris reste vivable
Même si « personne n’aime rajouter des taxes », le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a donné un avis favorable à cette taxe additionnelle « infime » car « la France a besoin de ce Grand Paris ».
Le projet inclut une bonne partie de l’Ile-de-France, qui compte pour 30 % du PIB français. Il doit permettre de repenser la ville, quand la croissance urbaine est de 3,5 % par an et au moment où la France se prépare à abriter 60 à 70 % d’urbains en 2030.
« La ville en 2050, c’est une ville propre, où l’on peut respirer, sans voitures et avec des bâtiments écologiques, a plaidé Jean-Louis Missika, adjoint en charge du Grand Paris à la mairie de Paris. On doit être capable à terme de subir les pics de chaleur, en rafraîchissant la ville, pour qu’elle reste vivable et humaine. » Il intervenait au « Connected Cities Summit », le 9 novembre. L’objectif était de penser le Grand Paris en vue des Jeux Olympiques de 2024, qui constituent « une date charnière mais pas une finalité », selon l’élu.
Un métro à construire en un temps record
Une bonne partie du métro du Grand Paris reste en effet à construire : un véritable défi. « 200 kilomètres de lignes vont être construits en 15 ans, c’est l’équivalent de ce qui s’est fait à Paris en 160 ans », a expliqué Nicolas Machtou, directeur délégué d’Enedis, pour rendre plus concret le défi qui se présente dans les années à venir.
« 20 tunneliers en marche (les machines qui creusent les tunnels de métro ; NDLR), c’est comme si une ville 200 000 habitants apparaissait sur le réseau électrique. » Une contrainte énorme pour le gérant du réseau d’énergie. Son directeur délégué voit pourtant « une opportunité majeure de réorganisation durable du territoire » à saisir. Sans voitures donc.
La gratuité fait son chemin
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a même commandé une étude sur l’effet qu’aurait la gratuité des transports en commun à Paris. Les résultats sont attendus pour la fin de l’année mais l’idée provoque déjà une levée de boucliers.
« Nous sommes contre la gratuité des transports, c’est une mesure démagogique. On ne va pas résoudre le problème en engorgeant un service déjà engorgé », analyse Véronique Wiesinger, membre du Bureau national Fédération nationale d’associations d’usagers des transports.
Pourtant le concept fait son chemin. La ville de Dunkerque (Nord, 200 000 habitants) a instauré la gratuité complète de ses transports depuis le premier septembre.
En Estonie, la capitale Tallinn (450 000 habitants) offre à ses résidents le luxe de ne pas avoir à payer pour emprunter les transports. Le pays balte cherche même à étendre le système à tout son territoire. Les trajets nationaux en bus sont gratuits depuis le premier juillet.