Si l’écart économique entre les régions européennes se réduit, notamment en Europe orientale, la croissance en Europe occidentale stagne. Un article d’Euractiv Allemagne.
La région Vest en Roumanie connait un essor économique depuis l’adhésion du pays à l’UE en 2007. La ville de Timisoara, par exemple, est devenue l’un des centres économiques du pays et a enregistré une hausse des emplois et des salaires. Selon Eurostat, la région Vest a atteint un PIB par habitant représentant 60 % de la moyenne européenne. Un chiffre dérisoire en apparence, mais symboliquement fort pour une région roumaine : seul le PIB par habitant à Bucarest est plus élevé.
La région Vest n’est pas la seule en Europe à connaitre une forte croissance économique. En moyenne, l’écart entre les régions riches et pauvres au sein de l’UE diminue significativement, en particulier en Europe orientale, comme l’a conclu une étude de l’Ifo Institute for Economic Research de l’Université de Munich.
En effet, l’écart entre les 1 300 régions européennes se réduit deux fois et demie plus rapidement que le rapprochement économique entre l’Allemagne de l’Ouest et de l’Est après la chute du mur de Berlin.
« C’est principalement dû au boom économique que l’Europe de l’Est a connu à la suite de l’élargissement de l’UE en 2004 et 2007. L’accès au marché unique européen a été extrêmement bénéfique. Bien sûr, cela influence l’ensemble des statistiques, car nous avons examiné la période de 2000 à 2014 », a déclaré Gabriel Felbermayr, l’auteur de l’étude de l’Ifo.
L’industrie, le moteur de la croissance à l’Est
L’UE veut promouvoir le développement des régions défavorisées, en particulier grâce aux fonds structurels. « Cependant, nos données montrent que c’est le marché intérieur, bien plus que les fonds européens, qui est le moteur de la croissance en Europe orientale », a déclaré Gabriel Felbermayr.
Après les élargissements de 2004 et 2007, de nombreuses entreprises se sont délocalisées en Europe de l’Est, une région moins chère où elles ont installé leurs nouvelles installations de production. Toutefois, cela n’aurait pas été possible sans les fonds structurels, car ils ont contribué à développer les infrastructures nécessaires dans les régions défavorisées.
Les régions roumaines auront reçu au total bien plus de 30 milliards d’euros de fonds européens grâce au budget actuel. De plus, Nestlé, Continental, Philips, Linde qui opèrent à Timisoara profitent des salaires encore relativement bas en Roumanie.
Afin de mieux canaliser les fonds de cohésion européens, l’Institut allemand pour la recherche économique (DIW) suggère une redistribution complète des fonds. Au lieu de verser 10,4 milliards d’euros par an et recevoir 3,6 milliards d’euros de fonds, l’Allemagne ne verserait qu’une contribution d’environ 8 milliards d’euros, sans recevoir de fonds en retour, selon le calcul du DIW. Cela permettrait de réduire le budget de cohésion de l’UE, sans pénaliser les régions de l’Est.
Absence de rapprochement économique entre les régions de l’Ouest
Bien que l’Europe occidentale perçoive actuellement des fonds structurels, selon l’étude de l’Ifo, cela n’a pas permis un rapprochement économique notable des régions.
Les 15 plus anciens États membres n’enregistrent aucun rapprochement, sauf en Grèce, un pays en crise, et au Royaume-Uni. « Bien qu’en Europe, l’écart économique entre les régions se réduit, il n’y a pas eu de changement notable entre les pays d’Europe occidentale depuis 2000 », a déclaré Gabriel Felbermayr.
Dans les régions méridionales, le PIB par habitant stagne, même si l’économie de la plupart des pays s’est redressée depuis la crise.
Toutefois, la croissance économique n’est pas une équation linéaire qui ne dépend que du niveau d’investissement. Les régions de l’UE disposent de ressources très diverses ; leur croissance dépend donc d’une multitude de facteurs sociaux, géographiques ou structurels.
La clé du rapprochement économique entre les régions est la promotion de la mobilité, comme cela a été le cas en Allemagne de l’Est, affirme l’auteur de l’étude de l’Ifo.
« Si les citoyens ont la possibilité de se déplacer pour travailler dans des régions plus aisées, cela stimulera la croissance économique. Bien sûr, cette migration a un inconvénient : si les zones les plus défavorisées ne disposent pas d’infrastructures, les habitants finiront par déménager. »