Alors que l’idée d’une nouvelle dette commune de l’Union européenne (UE) est évoquée dans le rapport de Mario Draghi et fait son chemin dans la sphère politique bruxelloise, le chef de l’Union chrétienne-démocrate (CDU, Parti populaire européen/PPE), Friedrich Merz, s’est engagé, mercredi 11 septembre, à faire « tout ce qui est en son pouvoir » pour y faire obstacle.
S’exprimant devant les députés du Bundestag mercredi, Friedrich Merz, dont le parti se trouve dans l’opposition, a abordé la proposition de créer un instrument permanent d’emprunt commun européen, qui, selon Mario Draghi, serait nécessaire pour financer les priorités de l’UE et contribuer à l’intégration des marchés de capitaux européens.
« Je tiens à le dire très clairement : aujourd’hui et à l’avenir, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l’UE de sombrer dans la spirale de l’endettement », a martelé le chef de file de la CDU.
Ce dernier a qualifié d’« exception » le programme d’emprunt commun de 800 milliards d’euros NextGenerationEU, convenu lors de la crise du Covid en 2020.
« Ce que Mario Draghi a proposé […] n’est pas couvert par les dispositions actuelles des traités européens », a-t-il poursuivi. « Je ne peux que le dire au nom de mon groupe et au nom du Parti populaire européen : je ferai tout pour empêcher l’Europe de s’engager sur la voie d’un tel endettement ».
Le PPE divisé
Certains membres du PPE originaires du sud de l’Europe ont pourtant déjà exprimé leur soutien à de nouveaux emprunts communs. « Grâce aux euro-obligations, nous pourrions mettre à disposition des ressources économiques considérables pour la croissance de l’Europe », explique à Euractiv Marco Falcone, chef de la délégation de Forza Italia (PPE) au Parlement européen.
Forza Italia s’était par ailleurs prononcé en faveur d’un emprunt commun dans son programme électoral pour les européennes de juin.
De même, le portugais Hélder Sousa Silva (Parti social-démocrate/PSD, PPE), membre de la commission des Budgets du Parlement européen, a confié à Euractiv lundi qu’il « soutenait fortement l’appel à des mécanismes de dette commune, tels que les obligations de défense de l’UE, pour financer nos initiatives stratégiques ».
Plus tôt cette semaine, le ministre allemand des Finances Christian Lindner (FDP, Renew Europe) a exprimé son opposition aux emprunts communs, arguant que cela ne résoudrait pas « les problèmes structurels [car] les entreprises ne manquent pas de subventions ».
Parallèlement, son collègue, le ministre de l’Économie Robert Habeck (Verts), a exprimé son soutien aux propositions de Mario Draghi.
Le chancelier allemand Olaf Scholz (Parti social-démocrate/SPD, Socialistes et Démocrates européens/S&D), quant à lui, n’a pas évoqué la question dans son discours au Bundestag mercredi.
[Édité par Anne-Sophie Gayet et Laurent Geslin]