A l'issue d'une rencontre avec les dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le nouveau Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a rappelé la communauté internationale à ses responsabilités afin de garantir l’intégrité territoriale de son pays.
Avocat de profession, le nouveau premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a affiché sa détermination lors d'une conférence de presse suivant sa rencontre avec les chefs d'État européens, jeudi 6 mars à Bruxelles.
Tout en remerciant l'Europe des 28 pour l'accueil qui lui était fait, le chef du gouvernement provisoire d'Ukraine a rappelé que la situation économique déjà désespérée de son pays s'était aggravée avec l'arrivée des chars russes sur son territoire.
Âgé de 39 ans, M. Iatsenouk a déjà une solide expérience en matière de politique économique. Il a géré la banque centrale ukrainienne et occupé plusieurs postes importants dans les gouvernements précédents, avant de devenir un leader de l'opposition politique au président déchu Ianoukovitch.
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En 2010, le nouveau chef de gouvernement avait été candidat malheureux aux élections présidentielles, au cours desquelles il avait réuni 7 % des suffrages.
« Nous demandons aux Russes de se retirer de notre territoire, et de ne pas soutenir ce qu'il reste d'un gouvernement illégitime », a -t-il répété.
Iatseniouk a assuré avoir eu un dernier contact avec certains officiels Russes, en l'occurrence le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, lorsque la Russie est entrée en guerre. « Je lui ai dit que j'aurais préféré évoquer nos relations économiques. Mais que nous pouvions seulement parler de la guerre. Donc je leur ai demandé de faire marche arrière ».
« Aujourd'hui nous pensons que l'UE est déterminée à nous soutenir et que l'Ukraine et l'UE vont prendre de vraies mesures pour stabiliser la situation" a-t-il ajouté, tout en soulignant qu'il ne serait jamais un vassal de la Russie.
« Nous ne voulons pas d'un nouveau mur de Berlin, nous ne sommes pas dans un monde où l'intimidation a force de loi ! » s'est-il indigné, tout en renvoyant la communauté internationale à ses responsabilités.
« En 1994, l'Ukraine a abandonné l'arme nucléaire et a signé le traité de Budapest », a -t-il rappelé. Le traité prévoyait que les États-Unis et la Russie garantissent l'intégrité territoriale du pays en échange de son renoncement à l'arme nucléaire.
Selon le responsable ukrainien, le traité fait du conflit actuel un sujet non pas local ou domestique, mais international, puisque les puissances signataires se sont engagées à garantir l'indépendance de l'Ukraine.
Le dirigeant a aussi prévenu qu'un éventuel statu quo serait désastreux pour la sécurité globale. Il rendrait en effet toute négociation avec l'Iran ou la Corée du Nord pour éviter la prolifération nucléaire délicate.
« Nous avons moins d'armes, nous n'avons pas de bombe nucléaire, mais nous avons l'esprit de liberté, et c'est l'esprit de la révolution ukrainienne », a-t-il rappelé, avant d'aller rencontrer le directeur général de l'OTAN, Rasmussen.
Le nouveau gouvernement provisoire s'est formé dans la précipitation. Il a néanmoins obtenu une vaste majorité à la diète ukrainienne, avec 371 voix en sa faveur. Son statut est celui d'un gouvernement provisoire, puisque des élections sont prévues pour le 25 mai prochain.