La Cour des comptes autrichienne ne poursuivra pas le Parti de la liberté d’Autriche (Freiheitliche Partei Österreichs, FPÖ), parti d’extrême droite, au sujet des allégations selon lesquelles il aurait reçu de l’argent d’un expert en relations publiques russe en 2016 en échange de l’introduction d’une proposition pro-russe au parlement.
Les courriels piratés d’un « propagandiste en chef russe » indiqueraient comment les représentants du parti d’opposition d’extrême droite FPÖ et d’autres populistes de droite sont volontairement devenus des « outils de relations publiques de [Vladimir] Poutine » après l’annexion de la Crimée. C’est ce qu’il ressort d’une enquête du magazine Profil.
Les membres du FPÖ ont également discuté d’argent en échange de propositions pro-russes présentées au parlement et ont commandé des articles de relations publiques et des visites à Moscou.
Néanmoins, pour des raisons de procédure, la Cour des comptes a décidé de ne pas donner suite à cette affaire, a tweeté lundi (13 février) le porte-parole Christian Neuwirth.
Il faisait référence au dernier amendement à la loi sur les partis politiques, qui permet à la Cour d’intervenir en cas de « suspicion raisonnable », tandis que le Sénat indépendant pour la transparence des partis (UPTS) n’est autorisé à sanctionner les affaires qu’après le 1er janvier 2023.
« La diffusion d’un tel soupçon remplit déjà les éléments du délit d’insulte à l’honneur et d’atteinte au crédit ainsi que de diffamation », a indiqué le FPÖ dans une déclaration à APA, rejetant toutes les allégations.
Le Sénat indépendant pour la transparence des partis est une autorité indépendante établie par la Constitution et qui peut imposer des amendes et des sanctions pécuniaires en cas de violation de certaines clauses de la loi sur les partis politiques (à la Chancellerie fédérale).
Un contrat « expiré »
En 2016, le FPÖ a signé un accord de coopération de cinq ans avec le parti au pouvoir en Russie, Russie Unie, dans l’intention de renforcer les liens politiques et économiques entre Vienne et Moscou, mais refuse désormais de le divulguer.
Lorsque le pacte dont dispose l’APA lui a été présenté, le secrétaire général du FPÖ, Christian Hafenecker, a déclaré que ce dernier avait « expiré », affirmant que la partie russe le confirmerait également….
Le Parti social-démocrate (Sozialdemokratische Partei Österreichs, SPÖ), parti d’opposition, a insisté mardi pour que le chef du FPÖ, Herbert Kickl, « divulgue immédiatement tous les contrats conclus entre le FPÖ et Russie Unie » et accorde de son plein gré à la Cour des comptes un accès complet aux finances du parti.
« Si le FPÖ continue de refuser le contrôle, les graves soupçons ne feront que se confirmer », a déclaré le directeur fédéral du SPÖ, Christian Deutsch, dans un communiqué, ajoutant que le parti d’extrême droite a déposé 30 motions pro-Kremlin au parlement depuis le début de l’invasion russe en Ukraine.
La réunion de l’OSCE
L’Autriche est déjà sous les feux de la rampe en raison de la prochaine réunion de l’assemblée de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui se tiendra à Vienne les 23 et 24 février prochains. En effet, des parlementaires de 20 pays membres ont exhorté le gouvernement à interdire aux diplomates russes d’y assister.
Le ministre autrichien des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, a récemment déploré la date prévue pour la réunion, la qualifiant de « très malheureuse », le début de l’invasion russe ayant débuté le 24 février 2022, mais a expliqué que Vienne devait permettre à tous les délégués de tous les États de participer à celle-ci.
« Mais en même temps, nous ne devons pas négliger le fait que nous avons besoin de plateformes. L’OSCE n’a jamais été une organisation de personnes partageant les mêmes idées », a-t-il ajouté.
L’OSCE lutte pour faire approuver son budget 2023 en raison du manque de coopération de la Russie. L’organisation a donc du mal à remplir son mandat et à prendre des décisions cruciales telles que la désignation des futurs présidents.
De plus, il n’existe pas de mécanisme au sein de l’OSCE permettant d’écarter la Russie ou de lui imposer des limitations, ce qui signifie que les demandes de bannissement des responsables russes ont peu de chances d’être entendues.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]