« Je pars plus optimiste » qu’il y a 3 jours, a conclu, lors d’une conférence de presse samedi (22 janvier), la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, interrogée sur la possibilité d’avoir des orientations claires sur les textes européens pendant la présidence française du Conseil de l’Union Européenne (PFUE).
« C’est pour cela que je voulais qu’on organise une réunion en début de présidence, en présentiel malgré la crise de la Covid. Parce que se sont les moments où l’on se parle en face à face, les moments où l’on peut se comprendre, qui sont très importants pour avoir, après, des discussions plus productives sur les évolutions que certains souhaitent dans les textes » a-t-elle ajouté.
Barbara Pompili a réuni, du 20 au 22 janvier à Amiens, les ministres européens de l’Énergie et de l’Environnement pour travailler conjointement sur divers sujets dans le cadre de la PFUE, « parce qu’il faut absolument sortir de la logique de silo quand on parle de transition écologique », a souligné la ministre.
Déforestation importée : une possibilité d’aboutir
La première journée a été l’objet de discussions autour des produits phytopharmaceutiques, des produits chimiques et de la déforestation importée. « Si je devais résumer nos premiers travaux, je dirais que la dynamique politique est là. Et c’est cette dynamique qui peut, et doit, nous conduire loin », a déclaré Barbara Pompili lors d’une première conférence de presse le 21 janvier.
A propos des pesticides, la ministre a noté « le souhait de nombreux collègues de travailler à mettre fin à l’exportation de produits phytopharmaceutiques qui sont aujourd’hui interdits dans l’Union européenne ». Concernant les produits chimiques, la discussion « a permis d’adresser un message clair à la Commission européenne en faveur d’une révision des règles d’autorisation des produits chimiques », a commenté la ministre.
Sur la lutte contre la déforestation importée, « une priorité de la présidence », Barbara Pompili a souligné que « la proposition de la Commission a reçu un accueil très positif. Cela m’encourage en tant que présidente du Conseil à faire avancer rapidement les négociations. »
La ministre a, par ailleurs, noté « une volonté d’aller encore plus loin que ce qui est proposé par la Commission ». Plusieurs propositions devraient être débattues lors des prochaines semaines, comme l’extension du champ du règlement à d’autres produits de base et à d’autres écosystèmes. Barbara Pompili s’est également dite « raisonnablement optimiste sur la possibilité d’aboutir pendant la PFUE. » « Nous avons suffisamment de matériel pour pouvoir envisager, espérer, une position du Conseil avant la fin de la PFUE », a-t-elle déclaré.
Trouver des alternatives pour l’ETS
La deuxième journée de réunions a été consacrée à la transition juste et à la forêt. « Réconcilier ambition écologique et justice sociale, c’est un axe majeur de la PFUE », a rappelé Barbara Pompili. La ministre a jugé les débats sur ce sujet « ouverts » quant aux modalités et aux moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. « Nous progressons, mais la route est encore longue », a-t-elle commenté.
Parmi les points de divergence – et d’inquiétude – entre les ministres figure l’extension de l’ETS (échange de quotas carbone) aux secteur du transport et du bâtiment. « Nous avons eu quelque chose de constructif », a souligné Barbara Pompili. « On n’était pas juste sur des prises de position, de posture ; on était vraiment dans une recherche pour trouver le bon levier et le bon outil. »
« Si nous devons substituer l’une des composantes de l’ETS, alors il faut proposer des solutions alternatives, sans quoi nous n’atteindrons pas nos objectifs », a commenté Virginijus Sinkevičius, commissaire européen à l’Environnement.
Autre sujet du jour, le rôle du secteur de la forêt et du bois, notamment pour l’augmentation du stockage de carbone et le développement des énergies renouvelables. « Les spécificités nationales, historiques, géographiques et climatiques doivent être prises en compte dans le cadre européen que nous construisons », a rappelé Barbara Pompili.
« Avancer le plus vite possible »
Lors du troisième et dernier jour de réunion, les ministres se sont penchés sur la question du prix de l’énergie et une possible révision de la réglementation.
« Le premier objectif était de faire avancer les discussions entre États sur la question d’une réforme du marché de l’énergie, c’est chose faite. Il y a tout d’abord un consensus sur le fait qu’un marché intégré rend d’immenses services. Et il y a aussi une majorité d’États qui considèrent qu’il faut le faire évoluer, en particulier sur le marché du détail », a précisé Barbara Pompili.
Les ministres sont dans l’attente du prochain rapport de l’ACER (Agence de coopération des régulateurs de l’énergie), qui devrait paraître en avril prochain, pour continuer d’avancer sur le sujet. « Ce que j’ai senti des discussions, c’est un véritable consensus sur la nécessité de garder ce marché, mais aussi une envie de voir, par une majorité d’États, quelques ajustements », a commenté Barbara Pompili.
Les ministres ont ensuite discuté de l’efficacité énergétique. La ministre a noté « des discussions nourries sur l’importance cruciale » des obligations d’économies d’énergie à réaliser chaque année par chaque État membre, et dans le même temps, « le besoin d’introduire quelques flexibilités pour les États membres ».
Enfin, les ministres ont abordé le sujet de l’hydrogène et de la création d’une filière industrielle en Europe. Plusieurs points d’accord ont émergé tels que la place importante de l’électrolyse, l’intérêt de l’hydrogène pour la décarbonation de l’industrie et la mobilité lourde, l’importance de développer des capacités en Europe.
Toutefois, des ministres ont souligné la nécessité d’un cadre réglementaire flexible pour ce marché. « Nous allons poursuivre les échanges, notamment pour mettre en place une régulation qui concilie protection des consommateurs, attractivité pour les investisseurs et adaptabilité pour tenir compte de la faible maturité de l’économie de l’hydrogène », a indiqué Barbara Pompili.
En conclusion de ces trois jours de travail, Kadri Simson, la commissaire européenne chargée de l’Énergie, a souligné quitter Amiens « le coeur léger, confiante ». « L’Europe a la force et la résolution d’être à la hauteur de ses engagements énergétiques » a-t-elle ajouté.
« J’ai senti une grande volonté de tous les États membres d’avancer le plus vite possible, en tenant compte des contraintes des uns et des autres », a, pour sa part, commenté Barbara Pompili.
Les ministres se réuniront à nouveau en mars pour poursuivre l’avancée des discussions.