Le parti politique bulgare radical et prorusse, Renaissance, est une organisation néo-fasciste en raison du comportement agressif de son président et de ses partisans, a déclaré le Premier ministre bulgare Nikolaï Denkov mardi (27 juin), à l’approche de sa première visite à Bruxelles.
« Un parti néo-fasciste se déchaîne à l’Assemblée nationale : il parade dans les médias nationaux. Une guerre a été déclarée aux valeurs européennes, qui constituent aussi les valeurs bulgares. La Bulgarie perdra la bataille sur son identité européenne sans la position européenne courageuse des médias », a déclaré M. Denkov, dont les derniers mots ont été tirés d’une citation du philosophe bulgare, le professeur Georgi Fotev.
Le parti Renaissance et son président, Kostadin Kostadinov, ont récemment intensifié leur discours agressif.
Lors d’une manifestation organisée par le parti le 21 mai, la Maison de l’Europe à Sofia avait été vandalisée et Emil Yankov, député du parti Renaissance, s’était engagé à envoyer les opposants politiques au camp de concentration de Béléné, qui date de l’ère communiste. La semaine dernière, des partisans du parti avaient menacé de mort des opposants devant la police à Varna, la plus grande ville bulgare située sur les rives de la mer Noire.
Dimanche (25 juin), M. Kostadinov avait incité à la violence en appelant ses partisans à « anéantir » les opposants politiques de son parti. Cet appel avait été lancé dans le contexte de la tentative de putsch du groupe militaire privé russe Wagner et visait les opposants à Poutine.
Malgré de nombreux incidents, la police bulgare n’a mené aucune action contre les membres du parti. Par conséquent, M. Denkov a appelé les autorités à prendre des mesures contre, en particulier, le récent appel à la violence.
La déclaration de M. Denkov a été prononcée à la veille de sa première visite à Bruxelles. Le nouveau dirigeant bulgare rencontrera mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen, Charles Michel, ainsi que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Il participera également au Sommet européen de jeudi (29 juin) et vendredi (30 juin).
Référendum tabou
Alors que M. Denkov rencontrera Mme von der Leyen, le référendum du parti Renaissance lancé contre l’adhésion de la Bulgarie à la zone euro constituera sûrement un sujet tabou. Légalement, le référendum ne peut pas annuler l’engagement pris par la Bulgarie dans le cadre de son traité d’adhésion à l’UE de rejoindre la zone euro. Toutefois, le parti prorusse souhaite que l’adhésion soit reportée à 2043, date à laquelle les revenus des Bulgares devraient être plus proches de ceux des États membres de l’UE les plus riches.
Les signatures nécessaires à la tenue du référendum ont été recueillies et le risque qu’une majorité se prononce en faveur du report de l’adhésion à la zone euro est réel. Théoriquement, le référendum pourrait se tenir dès cet automne, en parallèle des élections locales.
Pour l’instant, aucun effort de communication n’est fait pour expliquer aux citoyens les avantages de l’adhésion à la zone euro, alors que la campagne du parti radical contre la monnaie unique de l’UE bat son plein.
Selon des sources d’EURACTIV, l’exécutif européen souhaiterait que le nouveau gouvernement bulgare désamorce le risque du référendum et soit plus actif dans la lutte contre la propagande et la désinformation russes.
Le nouveau ministre de la Justice, Atansas Slavov, a déclaré qu’« en tant que société démocratique, nous ne pouvons pas permettre que la violence devienne la norme dans un processus politique parce qu’elle est synonyme de compromission de l’idée même d’une démocratie constitutionnelle ». Il a également demandé aux autorités bulgares d’ouvrir une enquête sur le parti Renaisssance.
En réponse, M. Kostadinov a demandé aux chaînes de télévision de lui accorder davantage de temps de parole.
Mardi, le bureau du procureur de Sofia a annoncé qu’une enquête avait été ouverte à l’encontre de M. Kostadinov pour incitation à la violence et à la haine. Le délai d’inspection prévu par la loi est de trois mois au maximum, après quoi une évaluation sera effectuée pour déterminer si les données sont suffisantes pour établir l’existence d’un délit.
Le bureau du procureur a indiqué à EURACTIV qu’il y avait deux possibilités : l’incitation à la haine et à la violence ou la propagande d’une idéologie fasciste et antidémocratique. Si des informations sont collectées après la fin de l’enquête, un procureur d’un rang supérieur peut ouvrir une affaire de propagande fasciste.