Renaissance, le principal mouvement pro-russe de Bulgarie, a appelé le pays à quitter l’Union européenne (UE) et à rejoindre le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), où Moscou exerce une influence prépondérante.
Mercredi 4 septembre, le parti Renaissance (Vazrazhdane, Europe des nations souveraines) a réclamé devant le parlement bulgare un référendum sur le report à 2043 de l’adhésion du pays à la zone euro. Cette proposition a été soutenue par le Parti socialiste bulgare (BSP, Socialistes et Démocrates européens) et le parti « Il y a un tel peuple » (Conservateurs et Réformistes européens).
Les députés des formations pro-européennes Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB, Parti populaire européen), Nous continuons le changement – Bulgarie démocratique (PP-DB, des groupes Renew et PPE) et Mouvement des droits et des libertés (DPS, Renew) ont cependant rejeté cette initiative, qui visait à empêcher l’intégration complète de la Bulgarie au sein de l’UE.
Selon certains analystes, cet épisode est surtout l’illustration des tentatives des partis favorables à la Russie de diffuser de fausses informations, notamment à l’approche des législatives qui se tiendront le 27 octobre dans le pays.
Le parti Renaissance est, avec l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), l’un des membres fondateurs du groupe d’extrême droite de l’Europe des nations souveraines (ENS), récemment formé au Parlement européen.
Quitter l’OTAN et l’UE et rejoindre les BRICS
Kostadin Kostadinov, le chef de Renaissance, est allé jusqu’à demander à la Bulgarie de se retirer de l’UE et l’OTAN. « Si nous voulons avoir un avenir, nous n’avons pas notre place dans ces structures agonisantes que sont l’UE et l’OTAN. Si l’UE n’est pas réformée, nous devons la quitter pour ne pas mourir avec elle », a-t-il expliqué.
Renaissance prône au contraire pour l’adhésion de la Bulgarie aux BRICS, et le parti a déjà envoyé des représentants aux rencontres de l’organisation.
L’objectif des autorités de Sofia est que la Bulgarie rejoigne la zone euro au plus tard à la mi-2025. La plupart des experts estiment plutôt qu’une échéance réaliste pourrait se situer au 1er janvier 2026, en raison de la crise politique qui sévit dans le pays. Selon les derniers sondages, 50% des Bulgares sont favorables à l’adoption de l’euro et 50% y sont défavorables, en raison de la hausse des prix que ce changement monétaire pourrait entrainer.
Tsoncho Ganev, député du parti Renaissance, estime donc qu’il est nécessaire de demander aux Bulgares s’ils veulent ou non faire partie de la zone euro. Selon lui, les BRICS, auxquels se sont ajoutés l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran, sont un « club » plus riche que les pays occidentaux.
« Les partis euroatlantiques auraient très peur si un référendum était organisé [en Bulgarie] », a-t-il expliqué.
Selon les données de la Banque mondiale, le PIB par habitant de la Bulgarie est plus élevé que celui de tous les pays des BRICS, à l’exception des Émirats arabes unis, bien que la Bulgarie ait toujours le PIB par habitant le plus faible de l’UE.
« Vous osez dire que le peuple bulgare n’est pas compétent pour prendre de telles décisions. Vous entendez ce que vous dites ? », a martelé Tsoncho Ganev en s’adressant aux partis pro-européens du parlement bulgare.
En réponse, Martin Dimitrov, de la coalition pro-européenne PP-DB, a déclaré : « Le soupçon demeure sur le fait que vous essayez de nuire à la Bulgarie avec ce référendum, de faire sortir notre pays de l’UE ».
[Édité par Anne-Sophie Gayet et Laurent Geslin]