Le Centre d’investigation de Jan Kuciak (ICJK) et Reporters sans frontières (RSF) ont suspendu leur participation à la plateforme publique pour la liberté de la presse, invoquant la nomination inappropriée d’un nouveau membre lié à un média propageant de la désinformation.
Les deux organisations ont évoqué leur départ de la plateforme publique pour la promotion de la liberté de la presse et la protection des journalistes dans une lettre ouverte adressée à la ministre de la Culture, Martina Šimkovičová (Parti national slovaque), mercredi 11 septembre.
Dans cette lettre, ils expriment leur « profonde inquiétude » face à la décision de remplacer l’éminente militante anticorruption Zuzana Petková par Dominik Papala. Ce dernier a été affilié à un média qui a été signalé pour avoir publié du contenu de désinformation.
« La plateforme joue un rôle important dans l’adhésion de la Slovaquie à l’Union européenne et au Conseil de l’Europe. Nous craignons que cette intervention ne mette en péril son efficacité et sa réputation internationale », peut-on lire dans la lettre.
L’ICJK et RSF considèrent le choix de Dominik Papala comme « une tentative de saboter le dialogue entre l’État et les journalistes », car il ne possède pas les qualifications professionnelles nécessaires.
En juillet, cinq membres de la plateforme ont demandé que la nomination soit réexaminée, mais leur appel a été rejeté. Dans ces circonstances, l’ICJK et RSF ont informé qu’ils ne participeraient pas aux futures réunions de la plateforme, même s’ils en restent membres.
« Peu importe à quoi ressemble le gouvernement d’un État démocratique, nous croyons en l’engagement avec ses institutions. Cependant, toute tentative de violation des règles de ce dialogue ne doit pas rester sans conséquences », a déclaré le chef du bureau UE-Balkans de RSF, Pavol Szalai.
La Plateforme slovaque pour la promotion de la liberté de la presse et la protection des journalistes est composée de 19 représentants du gouvernement, d’organisations non gouvernementales (ONG) et des médias et a été créée par le gouvernement précédent dans le cadre du Partenariat international pour un gouvernement ouvert.
L’un de ses principaux objectifs est de contribuer à la mise en œuvre des engagements internationaux, notamment ceux énoncés dans les rapports de la Commission européenne sur l’État de droit. La plateforme cherche également à obtenir justice pour le meurtre du journaliste d’investigation slovaque Ján Kuciak et de sa fiancée, Martina Kušnírová, en février 2018.
Lancée peu après l’entrée en fonction de Robert Fico en octobre 2023, les objectifs du projet ont été mis à l’épreuve. En effet, le gouvernement de Robert Fico attaque fréquemment les médias, les qualifiant d’« ennemis », d’« anti-gouvernement » ou d’« anti-Slovaques ».
Le gouvernement a refusé de dialoguer avec plusieurs médias grand public, dont Euractiv Slovaquie, qui n’a pas pu obtenir de réponses des partis de la coalition au pouvoir — Smer, Hlas et le parti national slovaque (SNS) — depuis des mois.
La Commission européenne examine par ailleurs actuellement la récente réforme du radiodiffuseur public slovaque RTVS, dont l’État slovaque a renforcé le contrôle sur ce média. Cette mesure a suscité des inquiétudes quant à la liberté de la presse dans le pays.