Avec son mouvement En Marche, le ministre de l’Economie laisse planer le doute sur ses intentions électorales. Il est le seul candidat potentiel pour 2017 à placer l’Europe au coeur de ses priorités.
Le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, a réuni ses sympathisants pour un meeting en forme de campagne électorale, mardi 13 juillet à Paris. Pas encore candidat, mais visiblement sur le point de l’être, le jeune énarque et ancien banquier fait beaucoup grincer des dents, notamment à Matignon.
« Ce mouvement, parce que c’est le mouvement de l’espoir et que notre pays en a besoin, nous le porterons ensemble jusqu’en 2017 et jusqu’à la victoire » a-t-il indiqué mardi soir.
Le mouvement En Marche veut faire de la politique d’une autre façon, en prenant une certaine distance avec les partis, la droite, la gauche, et les pratiques politiques françaises traditionnelles. En Marche s’est ainsi lancé dans une campagne de terrain, avec le porte-à-porte comme arme de poing, à l’instar de la première campagne électorale d’Obama. Il utilise aussi largement les techniques du big data comme élément de marketing électoral, comme l’expliquait Guillaume Liegey à EURACTIV en juin.
C’est aussi un des seuls profils des candidats potentiels à la présidentielle de 2017 à mettre le sujet européen au cœur du débat.
L’Europe est en effet une des trois priorités de Macron, comme il l’a détaillé mardi soir.
"L’Europe doit nous permettre de nous projeter dans le concert des nations." @EmmanuelMacron #TousEnMarche pic.twitter.com/HmyhyBdgv9
— En Marche (@enmarchefr) July 12, 2016
Les autres grands thèmes de son projet sont plus théoriques : ils consistent à « réconcilier les concepts d’égalité et de liberté », un sujet plus philosophique que politique, ou encore assurer que la notion de solidarité reste cruciale. Des concepts qui se retrouvent un peu partout sur l’échiquier politique, même si le ministre soutient être de gauche, puisque c’est son histoire.
En revanche, sa position sur les questions européennes est nettement plus claire, le candidat de gauche se rangeant d’emblée parmi les plus europhiles, alors que gauche et droite se tâtent et évitent à entrer sur ce terrain, si ce n’est en critiquant Bruxelles, dans le sillage du Front National.
Emmanuel Macron soutient mordicus une réforme de l’Union économique et monétaire qui permette plus de transferts entre les pays.
Dans une interview au Suddeutsche Zeitung, Emmanuel Macron n’avait pas hésité à l’automne dernier à préciser que plus le budget de la zone euro sera important, et plus il sera crédible. Il a aussi estimé qu’il fallait plus de transferts d’un pays à l’autre, afin que le gouvernement de la zone puisse « veiller aux transferts financiers nécessaires lorsqu’un pays est affecté par une crise ou promouvoir les réformes souhaitables pour éviter les divergences entre (les) économies »
Le ministre avait aussi précisé qu’il fallait transférer des ressources fiscales à ce budget européen.
Lors de son meeting, le ministre a aussi souligné qu’il soutenait la réforme du marché du travail incarné par la loi El Khomri, tout en prenant ses distances avec cette approche.
« La loi Travail, c’est une bataille importante, c’est une réforme importante, à laquelle je crois, que je défends, mais ça n’est déjà (…) plus le combat d’aujourd’hui, parce que le travail a radicalement changé » a-t-il précisé. Le ministre défend une position plus libérale que le reste du gouvernement notamment dans l’attitude à adopter face aux nouvelles formes de travail proposées par Uber et autres Airbnb.
Le candidat est très critiqué à la fois par la gauche et la droite. Pour Bruno Le Maire associe son discours à de la soupe », tandis qu’au Front de Gauche, André Chassaigne compare le ministre à « une tractopelle qui démolit beaucoup de choses ».
Mais c’est encore le Premier ministre, Manuel Valls, tenant d’une approche autoritaire et plus traditionnelle du pouvoir, et peu concerné par l’Europe, qui est le plus sévère avec lui. Selon certaines sources, il devrait d’ailleurs faire sortir du gouvernement ce ministre de l’Économie un peu trop électron libre, qui reste malgré tout protégé de Hollande dont il était le conseiller jusqu’en 2014.