Le président du Conseil européen Charles Michel souhaite lier davantage les régions aux plans de relance nationaux actuels. Telle est la conclusion de son entretien avec le Comité des Régions (CdR) mercredi (17 mars). Un article d’Euractiv Allemagne.
Depuis le début de la pandémie, les politiques locaux souhaitent participer davantage au façonnement de l’Europe d’après Covid-19. Ceux-ci se sentent d’ailleurs particulièrement délaissés dans les discussions relatives aux plans de relance nationaux, qui visent à informer la Commission européenne de la façon dont les États membres utiliseront les fonds de l’instrument de relance NextGenEU à hauteur de 750 milliards d’euros.
Conformément aux dispositions du plan de relance pour l’Europe, toutes les parties prenantes à la procédure doivent être consultées dans l’élaboration des plans nationaux, que ce soit la société civile ou le sérail politique local. Mais rien de tout cela n’est contraignant, et la décision définitive revient aux gouvernements nationaux. Un point qui a suscité de nouvelles critiques mercredi (17 mars) lors de la réunion du CdR.
« La loi dispose que les parties prenantes doivent être consultées. Cependant, en réalité, elles ne le sont pas. Et quand elles le sont, il ne s’agit que d’une formalité vaine », a déploré Zdeněk Hřib (Verts), maire de Prague. Des propos semblables à ceux de Christophe Rouillon, maire de Coulaines et président des sociaux-démocrates au CdR. « La méthode descendante est inefficace », a-t-il expliqué, faisant référence au Semestre européen.
« Nous avons besoin de votre soutien »
Charles Michel a tenté d’apaiser les tensions : « Sans vous, nous ne pouvons pas y arriver. »
Selon lui, les régions doivent être davantage impliquées dans les processus décisionnels des plans de relance nationaux. « Vous pouvez me faire confiance », a-t-il expliqué, arguant qu’il s’engagerait à accroître la participation des régions.
Par ailleurs, les politiques locaux ont « un œil acéré sur la situation dans les régions », d’après M. Michel. Si nous souhaitons effectuer des investissements efficaces, « nous avons besoin de votre soutien ».
Des propos qui font écho au crédo de la politique locale : seuls ceux qui travaillent sur place connaissent les besoins et les inquiétudes de la population locale. Il s’agit d’un point sur lequel les représentants ont insisté lors de la réunion du CdR, et qu’il faudra mettre en exergue lors de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, a indiqué le représentant du parlement régional des Açores Vasco Ilídio Alves Cordeiro (S&D).
« La Conférence doit définir comment travaille l’Europe et dans quels domaines », explique M. Alves Cordeiro, avançant que « dans ce contexte, les acteurs régionaux sont indispensables ». S’adressant à M. Michel, il a déclaré que les représentants locaux comptaient sur lui pour mettre en lumière le rôle des régions.
Le CdR n’est pas l’agence de presse de l’Europe
À l’occasion de la réunion, Charles Michel a indiqué d’entrée qu’il craignait le caractère bureaucratique de la conférence. Il faudra éviter de se laisser emporter par un « jargon incompréhensible », car cela risquerait de briser le lien avec la population locale. À l’inverse, pour nouer avec les citoyens, nous avons besoin du soutien de la politique locale, d’après le président. « La population locale a voix au chapitre, et nous devons l’écouter », selon M. Michel.
« Le Comité des Régions n’est pas l’agence de presse de l’Europe, mais son intermédiaire », a-t-il poursuivi.
En outre, certains représentants du CdR se sont plaints de la lenteur des livraisons des vaccins contre la Covid-19. Nos infrastructures sont prêtes, mais il nous manque le vaccin, déplore Władysław Ortyl (CRE), président de la Voïvodie des Basses-Carpates en Pologne.
Charles Michel s’attend à ce que la production des vaccins s’accélère dans les prochaines semaines afin de booster les livraisons auprès de tous les États membres.