Au sommet de Bratislava, l’Allemagne et les nations occidentales ont semblé accepter l’alternative aux quotas de migrants proposée par les pays de Visegrád, la « solidarité flexible ».
Lors du sommet à 27, les pays du groupe de Visegrád (la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie) ont soumis sous forme de déclaration jointe une proposition pour l’avenir de l’Union après le Brexit.
Sans surprise, le document appelle au renforcement du rôle du Conseil européen, qui représente les gouvernements, et celui des parlements nationaux. En ce qui concerne la migration, les pays de Visegrád souhaitent mettre un terme aux arrivées incontrôlées et sceller les frontières externes de l’UE.
Un nouveau mot clé
« La politique d’immigration devrait être fondée sur le principe de ‘solidarité flexible’. Ce concept permettrait aux États membres de décider des formes de contribution qu’ils souhaitent concéder, en tenant compte de leur expérience et potentiel. Tout mécanisme de distribution devrait en outre être basé sur le volontariat », estime le groupe de Visegrád.
Selon ce « mécanisme de solidarité flexible », chaque État déciderait donc du nombre de réfugiés qu’il accueillera.
La Slovaquie, à la présidence tournante de l’UE, a récemment mis en place un projet avec l’Autriche dans la ville de Gabčíkovo. Sofia y fournit un logement et de la nourriture aux réfugiés syriens qui ont fait une demande d’asile en Autriche. L’initiative est utilisée comme exemple de « solidarité flexible ».
Les États membres dont l’économie est moins développée « pourraient contribuer à la gestion de la crise migratoire d’autres façons », a récemment expliqué Witold Waszczykowski, ministre polonais des Affaires étrangères, qui cite les exemples de programmes humanitaires, de camps de réfugiés et de soutien aux réfugiés « dans des pays proches des zones de conflit ».
L’aide offerte directement par le groupe de Visegrád à la Macédoine pour renforcer sa frontière avec la Grèce est un autre exemple.
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Les quatre pays de l’Est ont également offert une assistance similaire à la Bulgarie, mais le Premier ministre, Boyko Borissov, a préféré s’en remettre à l’UE.
Les dirigeants européens ne semblent pas non plus considérer que les quotas de relocalisations obligatoires soient la seule solution à la crise. Ce système ne fonctionne en effet pas, comme l’a fait remarquer Martin Schulz, président du Parlement européen, qui a déclaré quelques jours avant le sommet être impatient de voir les propositions du groupe de Visegrád.
L’échec de la politique de relocalisation semble être accepté par l’Allemagne. La Commission européenne est à présent la dernière à continuer à prêcher cette solution.
Sur Twitter, certains expriment déjà leurs doutes quant au principe.
#visegrad states call for "flexible solidarity" in migration crisis. That's code for: "we ain't takin' nobody". #BratislavaSummit
— Maximilian Hofmann (@maxhofmann) September 16, 2016
Tweet de Max Hofmann : Les États de Visegrád appellent à la « solidarité flexible ». C’est un code pour « on ne prend personne » #BratislavaSummit
@GeorgiGotev @FredSimonEU "Flexible solidarity" is something of a self-contraction.
— David Head (@DavidHeadViews) September 16, 2016
Tweet de David Head : « Solidarité flexible », c’est une contradiction en soi.
“flexible solidarity”? Is that like being 'a little pregnant'? https://t.co/fj3ww6tTQK #EU #Bratislava
— Timo Lange (@timo_lange) September 17, 2016
Tweet de Timo Lange : « Solidarité flexible ? » C’est un peu comme être « un peu enceinte », non ?
Une épée à double tranchant
Lors du sommet de Bratislava, la chancelière allemande, Angela Merkel, a qualifié le principe de « solidarité flexible » d’« intéressant », ajoutant qu’il était toujours positif de chercher des solutions. La réaction positive d’Angela Merkel semble indiquer que l’Allemagne entend tenter de ne pas approfondir les divisions qui règnent en Europe.
Les États de l’est devraient cependant faire attention à toutes les conséquences possibles du principe qu’ils défendent. Berlin et les autres contributeurs nets au budget européen pourraient en effet décider de l’étendre au financement européen aux États les moins développés de l’union, dont la plupart sont dans la partie orientale du bloc.
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