Jean-Claude Juncker a averti le vice-président des États-Unis, Mike Pence, des risques d’une nouvelle guerre des Balkans si l’UE s’effondrait. Une réponse directe aux attaques de Donald Trump contre le projet européen.
Mike Pence s’est rendu à Bruxelles le 20 février, mais seul Jean-Claude Juncker a divulgué les détails des points abordés entre les dirigeants dans une interview exclusive au Financial Times publiée le 24 mars.
« J’ai dit au vice-président, ‘ne dites pas ça’. N’encouragez pas les autres États à quitter l’UE, parce que si l’Union implose, une nouvelle guerre éclatera dans les Balkans occidentaux », a indiqué Jean-Claude Juncker.
Le président de la Commission a rappelé l’importance d’offrir aux pays de la région des perspectives d’adhésion européenne : « Si nous les laissons tomber, la Bosnie-Herzégovine, la République serbe de Bosnie, la Macédoine, l’Albanie, tous ces pays seront confrontés à une nouvelle guerre. » La République serbe de Bosnie est une entité serbe de Bosnie-Herzégovine.
Entre 1991 à 2002, une série de guerres déclenchées par des conflits ethniques et des insurrections ont meurtri l’ancienne Yougoslavie. Souvent décrit comme le plus meurtrier de l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, ce conflit est devenu tristement célèbre pour les crimes de guerre (notamment la purification ethnique), les crimes contre l’humanité et les viols qui ont été perpétrés.
Les guerres yougoslaves ont également été une humiliation pour l’Union européenne, puisque ce sont les États-Unis qui ont joué un rôle décisif – quoique controversé – pour mettre fin aux conflits.
La situation dans les Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Monténégro, Macédoine et Serbie), qui suscite de nombreuses inquiétudes, a été au cœur des discussions lors du sommet européen des 8 et 9 mars.
Jean-Claude Juncker a également fait part de son intention de se rendre à Washington le mois prochain, mais a ajouté qu’il ne savait pas s’il rencontrerait Donald Trump.
« Ils [les Américains] essayent d’organiser cela, mais il a d’autres priorités. De toute façon, il ne comprend rien à l’Europe », a-t-il déploré. « Il a eu Donald Tusk [le président du Conseil européen] au téléphone et pensait que c’était moi. »