La Hongrie refuse de justifier l’assouplissement des conditions d’entrée des ressortissants russes et biélorusses

Dans le cadre de récents changements, la Hongrie a assoupli les conditions d’entrée des Russes et des Biélorusses dans le pays pour y travailler, en accordant aux « travailleurs invités » un séjour de deux ans, renouvelable pour trois années supplémentaires. [Simona Granati - Corbis/Corbis/Getty Images]

Le délai accordé par la Commission européenne à la Hongrie pour répondre aux questions concernant l’assouplissement des conditions d’entrée pour les ressortissants russes et biélorusses a expiré ce lundi 19 août.

La commissaire européenne chargée des Affaires intérieures, Ylva Johansson, a envoyé une lettre à son homologue hongrois, Sándor Pintér, au début du mois d’août pour demander à Budapest des explications sur les changements apportés au système d’immigration du pays.

Dans le cadre de récents changements, la Hongrie a assoupli les conditions d’entrée des Russes et des Biélorusses dans le pays pour y travailler, en accordant aux « travailleurs invités » un séjour de deux ans, renouvelable pour trois années supplémentaires.

Bien que la délivrance de visas et de permis de séjour de longue durée relève de la compétence de chaque État membre, Ylva Johansson a souligné que « de tels systèmes doivent être soigneusement équilibrés afin de ne pas mettre en péril l’intégrité de notre espace commun sans contrôles aux frontières intérieures et de prendre dûment en compte les implications potentielles en matière de sécurité ».

« L’extension du traitement facilité des demandes de permis de séjour et de travail pour les citoyens de Russie et de Biélorussie pourrait conduire à un contournement de facto des restrictions imposées par l’Union », ajoute-t-elle dans la lettre.

La commissaire chargée des Affaires intérieures a demandé à Budapest de répondre à une annexe de questions « au plus tard le 19 août ».

Un porte-parole de la Commission européenne a confirmé à Euractiv que, jusqu’à lundi après-midi, il n’y avait pas encore eu de réponse.

Les critiques estiment que les changements pourraient ouvrir la voie à la résidence permanente, ce qui, étant donné les tensions actuelles avec les deux pays, pourrait menacer la sécurité de l’espace Schengen de l’Union européenne.

Au début de l’année, plusieurs pays, à commencer par la République Tchèque, ont fait pression pour interdire aux diplomates russes de se rendre dans l’espace Schengen, estimant que pouvoir se déplacer librement dans l’Union une fois qu’ils seraient entrés dans la zone exempte de passeport serait un facteur de risque d’espionnage.

Huit pays baltes et nordiques — le Danemark, l’Estonie, la Finlande, l’Islande, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège et la Suède — dans une lettre commune envoyée à Bruxelles jeudi 15 août, vue par Euractiv, ont exprimé leur inquiétude sur le fait que l’assouplissement des restrictions par la Hongrie pourrait augmenter ce risque.

« Indépendamment du fait qu’elle relève de la compétence nationale ou de l’Union, nous sommes inquiets que cette décision puisse constituer un risque sérieux pour la sécurité de tous les États membres », a écrit le groupe de ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Justice.

« La réponse de la Hongrie, votre analyse et les prochaines étapes seront de la plus haute importance pour garantir notre sécurité nationale », ont-ils déclaré, ajoutant qu’ils saluaient l’implication d’Yvla Johansson dans ce dossier.

Leur demande a toutefois suscité une vive réaction de la part de Budapest, qui a qualifié cette démarche de « mensonges purs et simples ».

« L’inclusion des citoyens russes et biélorusses dans le programme de la carte nationale ne pose aucun risque de sécurité du point de vue de l’espace Schengen, puisque ces personnes doivent toujours se soumettre à un contrôle complet pour entrer et séjourner en Hongrie », a répondu le ministre des Affaires étrangères du pays, Peter Szijjártó, au cours du week-end.

« Toutes les affirmations contraires de nos collègues d’Europe du Nord et des pays baltes, qui sont aveuglés par leur adhésion au camp des partisans de la guerre, ne sont que des mensonges », a-t-il ajouté.

La question sera probablement débattue lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’UE à Bruxelles la semaine prochaine.

Avant les vacances d’été, la réunion d’août, habituellement informelle, avait été déplacée à Bruxelles plutôt qu’à Budapest, en réaction aux efforts diplomatiques controversés de la Hongrie concernant l’Ukraine.

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