Le Parlement européen a saisi l’Office européen de Lutte Anti-Fraude à propos d’irrégularités concernant les assistants des eurodéputés FN.
L’institution européenne s’étonne de voir une vingtaine d’assistants parlementaires payés par l’UE travailler pour le parti de Marine Le Pen, plutôt que sur des questions européennes.
Le Parlement européen a saisi lundi l’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) au sujet de vingt assistants parlementaires FN soupçonnés de ne pas travailler pour l’institution, a-t-on appris auprès du Parlement.
Les instances du Parlement doutent de la véracité de leurs fonctions, au vu d’éléments tels que leur adresse, puisqu’ils sont enregistrés au siège du parti à Nanterre (Hauts-de-Seine) ou aux informations disponibles sur le site internet du FN.
« Ces vingt assistants parlementaires ne travailleraient peut-être pas pour les députés européens si l’on se réfère à leur profil sur le site du Front national et à l’organigramme publié par le parti », a expliqué le Parlement européen à Reuters.
La question de l’utilisation des salaires et autres traitements du Parlement européen par le Front national fait débat depuis longtemps. Sous la précédente législature, le Parlement européen avait reproché à Marine Le Pen de salarier son compagnon, Louis Aliot, en tant qu’assistant parlementaire. Il est théoriquement interdit d’attribuer ce type de poste à des proches en fonction du règlement du Parlement. Le couple avait répondu en jouant sur le fait que leur liaison n’était pas officielle. Les deux protagonistes sont désormais tout deux élus au Parlement européen.
Des saisines rares et discrètes
La saisine de l’Olaf est « une obligation » réglementaire pour les fonctionnaires européens dès lors qu’il existe des soupçons étayés de fraudes éventuelles, a argumenté le parlement. Elle reste toutefois rare, et la plupart du temps discrète ; le Parlement européen a au contraire eu à cœur de publier un long communiqué sur le sujet, lundi soir.
Certains des assistants parlementaires mis en cause occupent des postes stratégiques au Front national, conseillant directement Marine Le Pen, sa présidente, ou Jean-Marie Le Pen, son père et président d’honneur.
Le règlement intérieur du Parlement européen précise que « seuls peuvent être pris en charge les frais correspondant à l’assistance nécessaire et directement liée à l’exercice du mandat parlementaire des députés » par le budget du Parlement européen. « Ces dépenses ne peuvent en aucun cas couvrir des frais liés à la sphère privée des députés. »
Le règlement précise également que les salaires versés aux assistants par le Parlement « ne peuvent servir directement ou indirectement à financer des contrats établis avec des groupes politiques du Parlement ou des partis politiques ».
Sur son compte Twitter, le vice-président du Front national Florian Philippot accuse le Premier ministre, Manuel Valls, d’être à l’origine de cette saisie et d’avoir sollicité le président du Parlement, Martin Schulz, pour « monter une affaire bidon ».
« Dans le fond, Schulz a raison. Nos assistants ne travaillent pas pour l’Union européenne mais contre elle », ajoute l’un des 23 députés FN au Parlement européen.
La délégation française des eurodéputés FN a déjà traversé plusieurs tourmentes depuis ses débuts au Parlement européen en 2014. Outre la défection de l’une des élus, la délégation a perdu sa tête. Aymeric Chauprade, élu francilien, a en effet été désavoué par son parti et destitué après des déclarations choquantes sur les musulmans.
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