Les législateurs tchèques réclament une enquête sur les églises orthodoxes sur fond d’influence russe

L’Église orthodoxe russe de la République Tchèque dépend du Patriarcat de Moscou, étroitement lié à l’État russe et dirigé par le patriarche Cyrille de Moscou, sanctionné par le gouvernement tchèque pour son soutien public à la guerre menée par la Russie en Ukraine.

La commission de la Sécurité du Sénat tchèque a demandé au gouvernement d’enquêter sur l’éventuelle utilisation dans le pays de l’Église orthodoxe du Patriarcat de Moscou pour des opérations d’influence commanditées par le Kremlin.

L’Église orthodoxe russe de République tchèque dépend du Patriarcat de Moscou, étroitement lié à l’État russe et dirigé par le patriarche Cyrille de Moscou. Ce dernier a été sanctionné par le gouvernement tchèque pour son soutien à la guerre menée par la Russie en Ukraine.

Au début du mois d’août, les autorités tchèques ont aussi expulsé l’ecclésiastique orthodoxe russe Nikolaï Lishchenko, l’accusant d’avoir mis en place des mécanismes d’influence pour soutenir les intérêts russes au sein de l’Union européenne (UE).

La commission de la Sécurité du Sénat tchèque a recommandé que les services de renseignement soient chargés d’enquêter sur cette menace. Elle a exhorté le ministre tchèque de la Culture, Martin Baxa (ODS, CRE), à surveiller les activités de l’Église orthodoxe russe, mais aussi de l’Église orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie. S’il s’avère que ces églises opèrent en dehors de la loi, la commission recommande à Martin Baxa de les radier.

« La liberté de religion et d’association ne doit pas être détournée au profit de l’influence illégitime d’une puissance étrangère hostile », a rappelé le président de la commission, Pavel Fischer (indépendant), invoquant des risques pour la sécurité nationale.

Le ministère tchèque de la Culture n’avait auparavant trouvé aucune raison de révoquer l’enregistrement de ces églises à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais un certain nombre d’événements ont suscité l’inquiétude de la commission sénatoriale.

« Je ne considère pas l’Église orthodoxe russe du Patriarcat de Moscou comme une église et ses représentants comme des membres du clergé. Elle fait partie de la machine répressive du Kremlin qui est impliquée dans les opérations d’influence de la Russie. Et c’est ainsi qu’elle doit être traitée, non seulement en République tchèque mais dans toute l’Europe », avait déclaré mi-août à la presse tchèque le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský (Pirates, Verts/ALE), en réaction à l’expulsion de Nikolaï Lishchenko.

La commission de sécurité du Sénat tchèque a également mentionné l’influence croissante d’individus liés à la Russie au sein de l’Église orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie. Officiellement indépendante de l’Église orthodoxe russe, celle-ci rassemble le deuxième plus grand nombre de fidèles en République tchèque, notamment des réfugiés venus d’Ukraine.

Si l’Église orthodoxe russe n’a pas répondu à l’appel de la commission sénatoriale, l’Église orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie a dénoncé cette sortie.

« Nous nous opposons fermement au dénigrement sans précédent de notre Église par des hommes politiques et des fonctionnaires ministériels, ainsi qu’à leurs efforts pour manipuler notre Église afin qu’elle obéisse à une idéologie », a fait savoir le porte-parole Tomáš Jarolím, ajoutant que l’Église chercherait à résoudre la question au niveau du Conseil œcuménique des Églises, une association d’Églises chrétiennes opérant en République tchèque.

Les préoccupations tchèques reflètent les efforts déployés par l’Europe pour limiter l’influence russe, comme en témoigne la récente législation ukrainienne qui interdit explicitement à l’Église orthodoxe russe d’exercer ses activités sur son territoire.

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