Le commissaire Pierre Moscovici estime que l’UE est politiquement prête pour avancer sur l’Europe de la défense. Un sujet sur lequel les États membres n’ont jamais réussi à s’accorder.
« L’Europe de la défense propose un niveau d’ambition que l’UE n’a pas eu depuis sa naissance » a affirmé le commissaire français aux affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici.
Lors d’une visite à Paris, le socialiste a salué les derniers projets en matière de défense dévoilés par la Commission le 7 juin. Un projet sur lequel les États membres ont toujours échoué par le passé à s’accorder.
« Cette fois c’est la bonne »
« Mais cette fois-ci, j’en suis convaincu, c’est la bonne » a affirmé le commissaire français lors d’une conférence de presse à Paris le 8 juin. « Pourquoi ? Parce que le monde a bougé » a poursuivi le commissaire, affirmant que « l’Europe n’apparait plus comme le continent sûr ».
Parmi les éléments déclencheurs, le Français a mentionné le Brexit, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, les attaques terroristes qui ont touché plusieurs pays européens ces dernières années, la multiplication des conflits dans le voisinage européen et l’explosion de la cybercriminalité.
Pour l’heure, le projet mis sur la table par la Commission comprend un fonds européen pour la défense qui doit permettre d’accroître la coopération des États membres dans les domaines de la recherche et du développement de nouveaux prototypes. Mais aussi de rationaliser les acquisitions en permettant au fonds de réaliser des achats groupés, par exemple pour les hélicoptères ou les drones.
Etats pacifistes
L’autre volet, qui doit encore être débattu par les États membres, propose trois scénarios de renforcement de l’Europe de la défense. « Même le scénario le moins ambitieux va très au-delà de ce que nous faisons aujourd’hui » a souligné le commissaire. « C’est maintenant aux États membres de savoir ce qu’ils souhaitent ».
Jusqu’à aujourd’hui, le projet d’une Europe de la défense s’est heurté à des divergences culturelles historiques en matière de défense, entre les pays de tradition pacifiste et les autres. La crainte de mutualiser ce domaine régalien a également pesé sur l’avancée du dossier. « Mais aujourd’hui les clivages historiques qui ont ralenti l’Europe de la défense sont en train d’être dépassés » a affirmé Pierre Moscovici.
« La communauté européenne de défense a échoué en 1954, car le projet a été perçu comme une mise en commun de la défense des différents pays » a rappelé Pierre Moscovici.
« Les États membres ont pris conscience des enjeux et surtout que l’Europe était le bon niveau pour répondre à ces menaces » a-t-il détaillé.
Du côté de Paris, l’initiative de la Commission a également été saluée par la ministre de la défense, Sylvie Goulard. « Les trois différents scénarios proposés par la Commission européenne sont clairs et placent chacun devant ses responsabilités. La France, qui fait un effort de défense tout à fait particulier, s’en félicite » a-t-elle souligné dans un communiqué.
La centriste a promis d’évoquer « dès vendredi » ces sujets avec ses homologues à Prague, lors de la conférence sur la sécurité et la défense organisée par le gouvernement tchèque et la Commission européenne.