Les ministres de la Défense de l’OTAN devraient adopter jeudi 21 octobre plusieurs documents stratégiques et convenir d’un nouveau plan d’action pour se défendre contre toute attaque hybride russe potentielle, ont indiqué des diplomates et des responsables.
Les conflits ne sont « pas seulement menés avec des cartouches et des bombes, mais aussi avec des octets et des big data », a déclaré mercredi (20 octobre) le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, aux journalistes avant une réunion.
La stratégie de l’OTAN va au-delà des plans de défense et de dissuasion régionaux existants. Elle vise à se préparer à toute attaque simultanée dans les régions de la Baltique et de la mer Noire, incluant éventuellement des armes nucléaires et des cyberattaques coordonnées depuis l’espace.
Ces dernières années, l’OTAN a ajouté le cyberespace et l’espace à ses domaines traditionnels (air, terre, mer), montrant ainsi qu’elle craint de plus en plus des attaques de cette nature.
En juin, elle avait également décidé qu’une série de cyberattaques pourrait déclencher la clause de défense mutuelle de l’alliance, comme dans le cas d’une attaque armée.
Ces mesures antérieures doivent maintenant être traduites dans un nouveau plan de défense, qui restructurera la zone de responsabilité (AOR) du commandant en chef de l’OTAN pour l’Europe (SACEUR).
La prochaine étape consistera à élaborer de nouveaux plans de défense pour l’ensemble de la zone euro-atlantique, en s’appuyant sur les « plans de réponse graduée » rédigés pour le flanc oriental après l’invasion russe de la Crimée.
À l’époque, des « petits hommes verts », c’est-à-dire des troupes spéciales russes se déplaçant sans insigne national, avaient placé la péninsule sous le contrôle de Moscou, à l’aide d’une importante campagne de propagande et de rapports trompeurs.
Selon les responsables occidentaux, en mai, la Russie a amassé quelque 100. 000 soldats à sa frontière avec l’Ukraine, soit le nombre le plus élevé depuis que Moscou a annexé la Crimée en 2014.
En septembre, la Russie a utilisé de nouveaux robots de combat lors de vastes exercices militaires avec son allié ex-soviétique, la Biélorussie, ce qui a alarmé les alliés baltes.
Alors que la Russie met à niveau ou remplace les systèmes spatiaux militaires soviétiques pour potentiellement attaquer les satellites en orbite et développe des technologies basées sur l’intelligence artificielle pour perturber les systèmes de commandement alliés, Moscou développe également des « super armes ».
Dévoilées en 2018, elles comprennent des missiles de croisière hypersoniques à capacité nucléaire qui pourraient échapper aux systèmes d’alerte précoce.
Une autre partie de la réunion comprendra une discussion sur la dissuasion nucléaire au sein du groupe dit des plans nucléaires, auquel appartiennent tous les États membres, à l’exception de la France.
« L’objectif de l’OTAN est un monde sans armes nucléaires, mais nous ne croyons pas au désarmement unilatéral », a déclaré M. Stoltenberg à Bruxelles.
« Un monde où la Russie, la Chine et d’autres pays comme la Corée du Nord possèdent des armes nucléaires, mais pas l’OTAN, n’est tout simplement pas un monde plus sûr », a-t-il ajouté.
La Russie nie toute intention belliqueuse et affirme que c’est l’OTAN qui risque de déstabiliser l’Europe avec de tels préparatifs.
La dernière initiative de l’OTAN, selon les diplomates qui la préparent depuis un certain temps, intervient ainsi dans un contexte d’impasse.
Moscou a déclaré, en début de semaine, qu’elle mettrait un terme aux activités de sa mission auprès de l’OTAN et de la mission diplomatique de l’OTAN à Moscou après que l’alliance a expulsé huit Russes dans le cadre d’une affaire d’espionnage au début du mois.
« La politique de l’OTAN reste cohérente, et nous restons ouverts au dialogue, y compris dans le cadre du Conseil OTAN-Russie », a déclaré M. Stoltenberg à la presse.
« Dans le même temps, nous continuerons à évaluer comment nous pouvons renforcer notre dissuasion et notre défense : nous nous assurerons que nous disposons des plans, des capacités et des forces adéquats pour protéger nos pays », a-t-il ajouté, faisant référence à l’augmentation récente par la Russie de son arsenal de missiles et à son développement de systèmes hypersoniques.