Pays-Bas : deux personnes arrêtées pour avoir divulgué des secrets d’État au Maroc

Les autorités néerlandaises ont arrêté la semaine dernière un employé du coordinateur néerlandais en charge de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité (NCTV) et une policière qui travaillait auparavant pour l’organisme pour avoir divulgué des secrets d’État. [Shutterstock/robert coolen]

Les autorités néerlandaises ont arrêté la semaine dernière un employé du coordinateur néerlandais en charge de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité (NCTV) et une policière pour avoir divulgué des secrets d’État, a annoncé mercredi (1er novembre) le procureur général néerlandais. Selon plusieurs médias, ces fuites d’informations auraient bénéficié au Maroc.

Les médias néerlandais ont rapporté que le suspect serait Abderrahim El M., un fonctionnaire au sein du NCTV. L’homme, âgé de 64 ans et originaire de Rotterdam, travaillait en tant que traducteur arabe et analyste en chef au sein de l’unité. Il est soupçonné d’avoir divulgué des informations sensibles provenant des unités de police chargées de la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et la radicalisation.

Abderrahim El M. était depuis longtemps soupçonné d’avoir divulgué des informations au gouvernement marocain. La police néerlandaise avait reçu plusieurs avertissements, mais on ignore si des mesures avaient déjà été prises.

Le traducteur et la policière, qui travaillait auparavant au NCTV et dont l’implication dans l’affaire n’a pas été précisée, sont passés devant un juge d’instruction mardi (31 octobre), qui a décidé qu’ils resteraient en détention pendant au moins deux semaines supplémentaires.

Le NCTV est dirigé par la ministre de la Justice sortante, Dilan Yesilgöz-Zegerius (Parti populaire pour la liberté et la démocratie, Renew).

Dans une lettre adressée au parlement, cette dernière a déclaré que les arrestations étaient « un message très troublant  ».

« Naturellement, je pense que cela doit faire l’objet d’une enquête appropriée et indépendante », a-t-elle poursuivi. « Il est très important que l’enquête menée par le département national d’enquête criminelle, dirigé par le Bureau du procureur, puisse se dérouler sans entrave. »

Les législateurs néerlandais ont été choqués par ces révélations et ont demandé que des enquêtes supplémentaires soient menées sur cette affaire.

« Rapport troublant sur la fuite d’informations secrètes par des employés du NCTV et de la police ! […] La ministre Yesilgoz-Zegerius devrait apporter autant de précisions que possible (y compris si des personnes sont en danger immédiat), dès que cela sera possible au vu de l’enquête », a commenté le député libéral Joost Sneller (Démocrates 66, Renew) sur X.

« Mais en dire moins n’est pas autorisé », estime le député d’extrême droite Geert Wilders (Parti pour la liberté, Identité et Démocratie). Il a également fait référence à sa remarque de campagne électorale de 2014 selon laquelle il veillerait à ce qu’il y ait « moins de Marocains » aux Pays-Bas, une déclaration qui avait suscité une vive indignation à l’époque.

Le Maroc a déjà été mêlé au scandale du Qatargate l’année dernière, dans le cadre duquel plusieurs eurodéputés ont été approchés et soudoyés pour faire pression en faveur des intérêts du pays nord-africain au sein du Parlement européen.

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[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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