Limogé de ses fonctions de chef des eurodéputés frontistes par Marine Le Pen en janvier pour ses propos filmés sur « désislamisation de la France », Aymeric Chauprade se retrouve aujourd’hui sous le coup d’une enquête, selon des sources judiciaires
Le député européen d’extrême droite Aymeric Chauprade fait l’objet d’une enquête pour sa vidéo controversée sur l’islam qui lui a déjà valu de perdre ses fonctions à la tête de la délégation FN à Bruxelles, selon des sources judiciaires et proches du dossier.
Dans un communiqué publié sur son site, il a par ailleurs annoncé qu’il ne se rendrait pas à une convocation de la police dans le cadre de cette enquête, en faisant valoir son immunité de député européen.
Immunité parlementaire
Si elle empêche toute mesure coercitive, comme une garde à vue, l’immunité ne fait pas obstacle à un procès. De plus, Aymeric Chauprade était convoqué pour une « audition libre », a expliqué à l’AFP une source judiciaire.
L’enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour provocation à la haine, à la violence et à la discrimination à raison de l’appartenance à une religion, et confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), a précisé la même source.
>>Lire : Le Front national désarçonné après les attentats en France
Les faits avaient été signalés au parquet notamment par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). De son côté, SOS Racisme avait aussi annoncé une plainte.
Le député européen avait posté cette vidéo sur internet après les attentats de Paris des 7 au 9 janvier.
« On nous dit qu’une majorité de musulmans est pacifique, certes. Mais une majorité d’Allemands l’étaient avant 1933 et le national-socialisme », affirmait-il notamment, dans un passage visé par l’enquête. Il appelait aussi à la « lutte pour la désislamisation de notre pays ».
>>Lire : Un eurodéputé FN appelle à l’élimination des jihadistes français
Ses propos, dénonçant aussi une « cinquième colonne puissante » en France pouvant « à tout moment se retourner contre nous », avaient suscité de vives réactions. Le réalisation de la vidéo, tournée à Strasbourg lors d’une session plénière du Parlement européen avec les moyens techniques de l’institution, avait également provoqué un tollé parmi les élus.
La présidente du FN Marine Le Pen lui avait retiré son titre de conseiller aux affaires internationales puis ses fonctions de chef de la délégation FN au Parlement européen.
Il a néanmoins accompagné fin mai celle-ci en Égypte, où elle a rencontré le Grand Imam d’Al-Azhar, l’une des plus prestigieuses institutions de l’islam sunnite. Selon l’institution, le cheikh Ahmed al-Tayeb a fait part à la dirigeante frontiste de ses « sérieuses réserves » concernant ses « positions hostiles à l’islam et aux musulmans ».
Marine Le Pen a évoqué ses « nombreuses convergences de vue » avec le Grand Imam.