Le MV Kathrin, un navire transportant des explosifs à destination d’Israël et d’autres pays, a demandé à ce que son pavillon portugais lui soit retiré. Une décision « irréversible » faisant suite aux efforts du gouvernement du Portugal dans cette affaire, a confié une source officielle à l’agence de presse Lusa.
Le ministre d’État et des Affaires étrangères du Portugal, Paulo Rangel, doit être interrogé sur l’affaire par la commission parlementaire des Affaires étrangères et des Communautés portugaises courant octobre. Le Bloc de gauche (La Gauche au Parlement européen) a sollicité cette audition, demandant également au ministère public de « surveiller et d’empêcher que le Portugal soit accusé au niveau international de complicité de génocide ».
La semaine dernière, la rapporteure spéciale des Nations unies sur la Palestine, Francesca Albanese, a appelé le gouvernement à demander « d’urgence » le retrait du pavillon portugais du Kathrin.
Après avoir reconnu la plausibilité d’un génocide à Gaza en janvier 2024, la Cour internationale de justice a clairement indiqué que tous les États devaient respecter et appliquer la Convention sur le génocide « en toutes circonstances », et que ces derniers avaient des « obligations internationales concernant le transfert d’armes aux parties à un conflit armé », d’après la rapporteure de l’ONU.
Selon Francesca Albanese, l’imposition d’un embargo sur les armes à Israël, « qui continue de commettre des actes de génocide à Gaza », est « l’une de ces obligations juridiques ».
« Vendredi 27 septembre, l’armateur a formellement et irréversiblement demandé l’annulation de l’enregistrement à Madère et donc le retrait du pavillon portugais », explique la même source.
Cette initiative de l’entreprise propriétaire du navire « fait suite aux efforts et aux demandes de clarification » du gouvernement portugais, qui « a évalué la situation et s’est concerté avec l’armateur ».
La source a également précisé que le gouvernement devait agir « très discrètement en tout temps ».
Le Kathrin, un navire allemand immatriculé à Madère, transporte des explosifs destinés à des fabricants d’armes en Israël, en Pologne et en Slovaquie.
Selon la source, l’armateur a répondu aux questions du gouvernement portugais, lui permettant de « mettre à jour et d’améliorer » les informations sur le matériel transporté par le navire.
Ce processus prendra maintenant « deux ou trois jours », mais tant que le pavillon n’aura pas été changé, le navire ne pourra entrer dans aucun port et devra rester au large des côtes.
« Il ne naviguera pas sous pavillon portugais. L’affaire est close », a conclu le gouvernement.
Le navire est parti du Viêt Nam et a été empêché d’accoster en Namibie et en Angola.
Amnesty International a appelé mardi 1er octobre la Slovénie et le Monténégro à faire de même.
« La Namibie a honoré comme il se doit ses obligations internationales en veillant à ce que le MV Kathrin ne fasse pas transiter de cargaison militaire vers Israël par son port. Il appartient désormais à la Slovénie, au Monténégro et à tous les autres États de faire de même et d’éviter de faciliter un transfert illégal » au regard du droit international humanitaire, a déclaré Nataša Posel, directrice d’Amnesty International Slovénie.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]