Viktor Orbán est un « cheval de Troie » qui brise l’unité européenne et protège les intérêts russes, a déclaré le ministre tchèque des Affaires européennes Martin Dvořák dimanche (17 décembre), après que le Premier ministre hongrois a bloqué l’aide financière à l’Ukraine lors du dernier sommet européen.
Lors du sommet des chefs d’États et de gouvernements européens la semaine dernière, Viktor Orbán a quitté la salle, ce qui a permis d’approuver l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine. Il a toutefois bloqué en usant de son veto les discussions sur la révision du budget à long terme de l’UE, dans le cadre desquelles une aide d’environ 50 milliards d’euros pour Kiev était également proposée.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’est réjoui de cette décision vendredi dernier, soutenant que la Hongrie « défend fermement ses intérêts », ce que le Kremlin « apprécie ».
Ce blocage de l’aide est un nouveau coup dur pour Kiev, particulièrement depuis que l’aide des États-Unis a également montré des signes d’essoufflement, alors que l’avenir du pays se joue en ce moment même sur le champ de bataille.
« Aujourd’hui, [Viktor] Orbán est ce cheval de Troie qui, de manière intensive et malheureusement de plus en plus efficace, brise l’unité [de l’UE et de l’OTAN] et s’efforce de montrer que nous devrions abandonner l’Ukraine », a déclaré M. Dvořák lors d’une discussion diffusée par CNN Prima News dimanche.
Selon le ministre tchèque, le chef de file du Fidesz hongrois fait chanter l’Europe et abuse de son droit de veto au sein du Conseil européen.
Chantage hongrois
Le nationaliste hongrois a été accusé d’avoir utilisé la question ukrainienne comme moyen de pression pour tenter de débloquer l’accès de son pays aux fonds de l’UE, qui ont été gelés en raison de craintes concernant l’État de droit en Hongrie.
Mercredi dernier (13 décembre), la Commission européenne a pourtant décidé de débloquer 10 milliards d’euros pour Budapest. Elle a été critiquée — notamment par certains eurodéputés — pour avoir « cédé au chantage » hongrois. L’exécutif de l’UE s’est quant à lui défendu, assurant que ce déblocage était dû à l’annonce de réformes judiciaires par le gouvernement du pays.
Environ 21 milliards d’euros de fonds européens pour la Hongrie restent encore gelés à ce jour.
Pour M. Dvořák (Maires et Indépendants, STAN/Parti populaire européen), l’approche choisie par la Hongrie doit être qualifiée de « chantage ».
« Je pense que le vrai nom est l’abus des droits de veto, non pas pour protéger les intérêts nationaux de la Hongrie, mais pour protéger les intérêts de la Russie », a-t-il affirmé.
La partenaire de débat de M. Dvořák, Alena Schillerová, du parti d’opposition ANO (Renew), s’est abstenue de commenter les critiques émises au sujet de M. Orbán et s’est interrogée sur le bien fondé d’inclure le sujet des négociations d’adhésion de l’Ukraine dans l’ordre du jour du sommet européen à l’heure actuelle.
Elle a souligné que l’Ukraine doit entreprendre plusieurs étapes de réforme en vue de son adhésion, telles que l’approbation de la réforme judiciaire par exemple.
Autres critiques
Dans une vidéo publiée sur la plateforme Facebook la semaine dernière, Viktor Orbán a expliqué son choix de s’abstenir sur le vote concernant l’ouverture des négociations d’adhésion, indiquant que la Hongrie ne souhaitait pas « partager la responsabilité » de cette décision « insensée » des 26 autres États membres.
Cette déclaration a fait réagir le Premier ministre belge Alexander De Croo, qui s’est emporté en déclarant aux journalistes en marge du sommet : « Si vous prenez une décision et qu’il y a un accord […] alors il ne faut pas dire après coup que vous avez une opinion différente. Si vous faites partie de la décision, vous acceptez la décision et vous la fermez après ».
Des mots durs qu’il a semblé regretter immédiatement, puisqu’il a ajouté qu’il « n’aurait pas dû dire cela ».
[Édité par Anne-Sophie Gayet]