Le président français, François Hollande, a tenté de rassurer la Grande-Bretagne et d’autres pays extérieurs à la monnaie unique en affirmant que l’établissement d’un budget spécial pour la zone euro viendrait « en addition » du budget de l’UE et non « en substitution». Il a également prévenu qu’aucun pays ne pouvait empêcher les autres d’aller de l’avant.
Après le sommet européen à Bruxelles vendredi (19 octobre), François Hollande a déclaré aux journalistes qu’ils devaient se préparer à « plusieurs nuits » de discussions lors de la prochaine réunion des dirigeants européens les 22 et 23 novembre.
Les discussions, qui devraient se concentrer exclusivement sur le budget de l'UE pour 2014-2020, promettent en effet d’être enflammées.
Le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé qu'il bloquerait les négociations si des « augmentations massives » du budget ou un accord « sans contrôle » réel étaient proposés. D'autres pays comme l'Allemagne s'opposent également à toute augmentation du prochain budget à long terme de l'UE, bien que les Allemands semblent moins catégoriques que les Britanniques.
Le montant global du budget de l'UE ne sera qu'une des nombreuses variables de l'équation budgétaire. Les pays les plus pauvres devront aussi peser de tout leur poids dans les négociations.
>> Lire le LinksDossier d'EURACTIV : Budget européen 2014-2020 : l'accord à mille milliards d'euros
Deux budgets séparés
S'adressant aux journalistes après le sommet d'octobre entre les dirigeants européens, François Hollande a indiqué qu'il avait senti que les relations entre les pays de la zone euro et les autres seraient un enjeu essentiel du prochain sommet.
« Immédiatement, la réaction des pays qui ne sont pas membre de la zone euro, c'est de dire : si vous avez une capacité budgétaire, ça veut dire que vous retirez [de l'argent] du budget européen pour faire un autre budget à côté », a-t-il déclaré.
« Non ! Et moi j'ai rassuré ces pays. Il y a un budget européen. Ce budget nous devons le déterminer ensemble, fixer sa masse, sa répartition, son affectation avec des fonds de cohésion, des fonds structurels, de la politique agricole. C'est notre budget à 27, demain à 28 ou davantage. »
Selon M. Hollande, il y aura un budget séparé pour la zone euro, mais il sera « en parallèle » au budget européen.
« Ce n'est pas en substitution, c'est en addition » au budget européen, a-t-il souligné.
Les pays non membres de la zone doivent s'écarter du chemin
David Cameron a reconnu que les pays de la zone euro devraient avancer seuls, ajoutant : « Je pense qu'un jour, nous aurons besoin de deux budgets européens : un pour l’union monétaire, car ces pays devront se soutenir davantage mutuellement et un autre d'une plus grande ampleur pour les autres pays. »
Mais la Grande-Bretagne ne devrait pas s'occuper de la manière dont les pays de la zone euro décident de s'organiser, a souligné M. Hollande.
« Je ne force personne à entrer », a déclaré le président français. « Mais aucun pays ne peut empêcher la zone euro de pouvoir avancer comme elle l'entend. Et ça, c'est très important. »
Une Europe à deux vitesses
François Hollande a affirmé que ce passage vers une Union européenne à deux vitesses était déjà en cours étant donné que les pays de la zone euro prenaient déjà des décisions qui leur sont propres, sur la supervision bancaire par exemple.
« Tout le monde accepte maintenant l'idée de plusieurs vitesses, » a-t-il souligné. « Il y en a même qui sont en marche arrière », a-t-il ajouté, sans citer la Grande-Bretagne.
Le président français a soutenu qu'être dans la zone euro entraînait « une responsabilité » qui impliquait un « renforcement de l'Eurogroupe » et des réunions plus fréquentes entre les chefs d'État des pays qui partagent la monnaie unique.
Il a également indiqué que les représentants du Parlement européen des pays de la zone euro devraient se rencontrer et prendre des décisions séparément sur des questions qui touchent à la monnaie unique.
« Nous [le] ferons avec les pays qui voudront s'engager davantage. »