Le Fonds monétaire international suggère de ne pas accorder le salaire minimum aux réfugiés. L’organisation souligne également l’effet positif des dépenses pour les réfugiés sur le PIB européen.
Le FMI se penche dans un rapport publié le 20 janvier sur le défi économique posé par l’afflux de réfugiés en Europe. Un pensum au sein duquel il recommande un traitement différencié des réfugiés et des ressortissants des pays de l’UE.
Cette vaste migration, alimentée à la fois par la crise syrienne, mais aussi par les conflits en Afghanistan en Iraq et en Érythrée, inquiète en Europe, où la question de l’intégration économique, mais surtout sociale et culturelle a pris un tournant inquiétant depuis les événements de Cologne.
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Entre janvier et octobre 2015, 995 000 réfugiés qui ont déposé une demande d’asile en Europe. Pour faire face à ce défi, le ministre allemand des Finance, Wolfgang Schauble, a récemment mentionné l’idée de la mise en œuvre d’une taxe sur l’essence en Europe, destinée à financer ce vaste chantier social.
Emploi fondamental
Mais selon le FMI, l’intégration économique des réfugiés dans leurs pays d’accueil passe avant tout pour l’emploi. Pour accélérer leur intégration, le FMI recommande la mise en œuvre « des dérogations temporaires et limitées au salaire minimum pour les réfugiés ». La proposition du FMI tend à corriger le déséquilibre initial qui existe entre les immigrants et les ressortissants du pays d’accueil sur le marché du travail.
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Les immigrants ont généralement des taux d’emploi et des salaires inférieurs à la population du pays d’accueil. Une vérité qui est variable en fonction du niveau d’éducation et du niveau de langue, mais qui se vérifie globalement.
En Allemagne, où le FMI a mené une étude sur l’intégration des étrangers sur le marché du travail, les migrants gagnent en général 20 % de moins qu’un allemand à travail et compétence égale. Cette différence grimpe à 30 % sans maitrise de la langue allemande. Et en 2013, le taux de chômage des immigrants était deux fois plus élevé que celui des Allemands.
Flexibilité
La flexibilité sur le salaire minimum existe déjà dans certains pays, comme en Allemagne. En effet, les réfugiés peuvent y être assimilés aux chômeurs de longue durée, qui peuvent être temporairement exclus du salaire minimum pour les six premiers mois d’emploi.
Autre avantage d’une telle mesure, « diminuer le ressentiment possible » des citoyens du pays qui risquerait de percevoir les réfugiés comme des concurrents directs sur le marché du travail plutôt tendu en Europe.
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Une crainte plutôt illégitime selon l’organisation, qui souligne qu’une très large majorité d’études a régulièrement pointé du doigt l’impact très faible des vagues migratoires sur les marchés de l’emploi.
Impact positif évident des dépenses pour les réfugiés
Les projections du FMI, si elles restent incertaines, pointent de manière plus générale un impact économique positif même à court terme. L’augmentation de dépenses publiques en faveur des réfugiés devrait « augmenter la demande intérieur et le PIB » souligne le rapport.
En effet, l’argent donné aux réfugiés est immédiatement dépensé, ce qui a un impact positif sur la demande. Selon le FMI, les dépenses en faveur des réfugiés dans les pays européens devraient augmenter de 0,05 point de PIB en 2015, et de 0,1 point en 2016 par rapport aux dépenses enregistrées en 2014.
Mais les disparités sont nombreuses entre les différents pays. La France, où le nombre de demandeurs d’asile en 2015 a augmenté de 22% selon l’Office française de protection des réfugiés et apatrides, le coût de prise en charge des réfugiés resterait plutôt stable. Il ne progresse que de 0,01 point de PIB entre 2014 et 2016.
À l’inverse, certains pays voient ces coûts exploser. Sans surprise, la part du PIB allemand consacré à la prise en charge des réfugiés pourrait passer de 0,08 à 0,35% entre 2014 et 2016. En Suède, le coût bondirait de 0,3% du PIB en 2014 à 1% en 2016.
Pour étayer ses projections, le FMI a tablé sur une arrivée de réfugiés égale à 800 000 personnes par an entre 2015 et 2017. Cette population devrait pouvoir travailler dans le pays d’accueil au bout de deux ans en moyenne.
Pourtant, l’effet à court terme de l’arrivée des réfugiés sur le PIB européen devrait être positif, souligne le FMI. La croissance du PIB pourrait ainsi gagner 0,05% en 2015, et 0,13% en 2017.
Là encore, les effets les plus visibles sont à relever dans les pays où la concentration du nombre de réfugiés est la plus importante. L’Autriche pourrait gagner 0,5% de PIB, la Suède 0,4% et l’Allemagne 0,3%.
À moyen terme, les effets de la vague de réfugiés sur la croissance européenne sont plus marqués. Le FMI estime 0,25% de PIB en plus au niveau de l’Union européenne, tandis qu’Allemagne, Autriche et Suède bénéficieraient d’un impact allant variant de 0,5% et 1,1%.