Le ministre français de l’Economie a demandé « un traité refondateur de l’Union européenne » dans les deux ans, quitte à ce que cela ne concerne que « quelques-uns » des États membres.
« Dans ce moment de refondation, concrètement que devons-nous faire ? On doit prendre un vrai traité refondateur, c’est ça que j’appelle de mes vœux, c’est ça que nous devons préparer dans les 18 mois qui viennent », a plaidé le ministre au cours d’un échange avec des étudiants du Collège d’Europe à Bruges (Belgique).
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Il a souhaité que « ce traité, cette démarche, fasse l’objet de débats démocratiques dans les grands pays européens ».
Elections en France et en Allemagne
« On a la chance en 2017 d’avoir des élections générales et en France et en Allemagne au même moment, avec un calendrier ensuite qui nous dégage trois années d’action, c’est dans cet espace qu’il faut construire la refondation », a souligné M. Macron, parlant de « rajeunir » une Europe qui « a profondément vieilli (…) parce que nous ne rêvons plus à elle ».
- Macron a ensuite évoqué « un plan de bataille à préparer dans les 18-24 mois » en vue de cette refondation, qui inclurait une plus forte convergence entre les grandes économies de l’UE, y compris sur les sujets sociaux (retraites, couverture sociale, salaire minimum, etc.)
« On ne peut avancer vers une plus grande intégration de ce cœur de l’Europe sans que, sur les sujets sociaux et fiscaux, on ait en quelque sorte la même stratégie, mais en accéléré (par rapport à) celle qu’on a eue sur les sujets monétaires, c’est-à-dire qu’on ramène dans une zone de convergence nos économies », a-t-il estimé.
Une Europe « à quelques-uns »
« Nous ne pouvons plus continuer à gérer l’Europe cahin-caha, de manière approximative, en gestionnaires », a aussi déclaré le ministre français, appelant à « retrouver un projet de grande puissance, c’est-à-dire une volonté de faire à quelques-uns, d’avancer à quelques-uns, je ne sais pas combien ». Pour lui, « avoir un objectif à quelques-uns est un élément de stabilisation pour tous ».
- Macron a ensuite regretté, lors d’un débat organisé à Bruxelles par le média Politico, l’absence de confiance régnant actuellement entre les États membres de l’UE.
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« Le manque de confiance est probablement l’un des poisons de l’Union européenne actuellement », a estimé le chouchou des sondages français.
Pour rassurer le partenaire allemand, qui pointe depuis plusieurs années la lenteur des réformes en France, M. Macron a plaidé pour une « accélération » de ces dernières et de la consolidation budgétaire dans son pays.
Et à l’adresse de Berlin, il a plaidé pour davantage d’investissement dans l’UE: « Il ne faut pas consolider avec excès », a-t-il conseillé aux Allemands.
Début mars, dans l’hebdomadaire français L’Express, Emmanuel Macron avait déjà plaidé pour une réorientation du projet européen dans les prochaines années, estimant que « si nous continuons à ne rien faire, l’Union et la zone euro se déliteront d’elles-mêmes ».
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