Le Premier ministre britannique Keir Starmer était à Paris jeudi 29 août pour défendre sa « réinitialisation unique » avec l’Union européenne (UE), après avoir rencontré la veille le chancelier allemand Olaf Scholz.
Keir Starmer, qui était à Paris mercredi soir pour assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, a le lendemain rencontré le président français Emmanuel Macron. Le Premier ministre du Royaume-Uni cherche à rétablir des liens diplomatiques avec les principaux dirigeants de l’UE, après des années de relations distantes et glaciales sous les précédants gouvernements conservateurs pro-Brexit.
Selon des responsables de l’Élysée, les deux hommes auraient discuté des crises internationales, de l’immigration irrégulière outre-Manche et de la future relation entre le Royaume-Uni et l’UE.
La veille, le Premier ministre britannique était à Berlin pour convenir des termes d’un futur partenariat de défense anglo-allemand — similaire au pacte de Lancaster House qui régit la relation franco-britannique en matière de défense et de sécurité depuis 2010.
« Nous avons l’occasion, une fois par génération, de ‘réinitialiser’ notre relation avec l’Europe », a déclaré Keir Starmer lors d’une conférence de presse aux côtés d’Olaf Scholz, tout en s’engageant à ne pas faire marche arrière en ce qui concerne le Brexit.
Un nouveau terrain d’entente
« C’est l’intérêt du Royaume-Uni et de l’UE, mais aussi du Royaume-Uni et des pays membres avec lesquels Londres a des relations bilatérales fortes de travailler à ce ‘reset’ après les turbulences [des gouvernements de Boris Johnson et Rishi Sunak] », explique Michel Barnier, ancien négociateur de la Commission européenne pour le Brexit, à Euractiv.
Les relations diplomatiques glaciales Londres et Paris étaient la norme pendant les années de négociations sur le Brexit — jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron et le Premier ministre Rishi Sunak trouvent un terrain d’entente et qu’un accord financier soit conclu en mars 2023 pour augmenter les contrôles de police et empêcher les traversées irrégulières de la Manche.
Cet accord avait été suivi quelques mois plus tard par la toute première visite d’État en France du Roi Charles III.
La mission diplomatique de Keir Starmer en Allemagne et en France vise à réaffirmer que le Royaume-Uni est prêt à renforcer ses liens diplomatiques avec l’UE, pour la première fois depuis le référendum de 2016.
« Jusqu’à présent, la ‘réinitialisation’ porte sur l’atmosphère plutôt que sur la substance », souligne à Euractiv Lord Peter Ricketts, président de la commission des Affaires européennes de la Chambre des Lords. « Elle se concentre sur la bonne volonté et les bonnes intentions, l’engagement à travailler ensemble et les intérêts partagés ».
En revanche, des discussions plus substantielles pourraient voir le jour lorsque Keir Starmer rencontrera les hauts responsables européens à Bruxelles, dans les semaines et les mois à venir.
Obtenir davantage de Bruxelles
Les questions de défense et d’énergie figurent en tête des priorités des relations bilatérales. « Il nous faut continuer ce qui a été fait à Lancaster House », d’autant plus que les deux pays sont des puissances nucléaires, continue Michel Barnier.
EDF supervise aussi la construction de deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération à Hinkley Point, dans le Somerset, un comté du sud-ouest de l’Angleterre. La mobilité des jeunes occupe également une place importante sur la liste des demandes de la France et de l’UE, que Keir Starmer a jusqu’à présent refusé d’aborder.
« Keir Starmer ne peut se permettre de ne porter que ses demandes à Bruxelles », confie Lord Peter Ricketts à Euractiv, qui anticipe un mouvement tactique, alors que le Royaume-Uni est prêt à entrer dans des négociations plus larges et plus complexes pour une révision de l’accord de commerce et de coopération (ACC) entre l’UE et le Royaume-Uni qui débutera en 2026, dans l’espoir d’obtenir plus de concessions de Bruxelles.
« Des progrès importants sont possibles entre le Royaume-Uni et l’UE […] mais la règle du jeu n’a pas changé : il n’y a pas de cherry picking, il n’existe pas de marché unique à la carte », ajoute Michel Barnier.
Reste à voir si l’offensive de charme de du Premier ministre britannique Keir Starmer parviendra à apaiser certaines de ces inquiétudes.
