Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a déclaré vouloir « bâtir des ponts, pas des frontières » entre son pays et l’Irlande du Nord, rappelant son opposition à l’établissement d’une « frontière économique » entre les deux voisins après le Brexit.
« C’est notre vision pour l’avenir : construire des ponts, pas des frontières », a déclaré Leo Varadkar lors d’une conférence de presse à Belfast, à l’occasion d’une visite de deux jours dans la province britannique d’Irlande du Nord.
« Le Brexit risque sérieusement de creuser un fossé entre l’Irlande du Nord et l’Irlande, entre la Grande-Bretagne et l’Irlande, et je ne peux imaginer qui en bénéficiera », a-t-il ajouté.
Il a rappelé sa préférence pour que le Royaume-Uni reste dans l’UE. À défaut, il s’est dit favorable à son maintien dans le marché unique européen. Un autre moyen d’éviter un « Brexit dur », selon lui, serait de mettre en place une nouvelle union douanière entre l’UE et le Royaume-Uni.
S’il a été possible d’en créer une avec la Turquie, « nous pouvons sûrement en établir une avec le Royaume-Uni », mais « le temps presse » a-t-il toutefois rappelé, avant le Brexit prévu en mars 2019.
En cas d’échec, cela pourrait signifier un retour aux postes de douane, qui représentent « une manifestation physique et brutale de divisions historiques et d’échec politique », a prévenu Leo Varadkar, dans un discours prononcé au préalable à la Queen’s University de Belfast. Il a rappelé son opposition à toute « frontière économique » sur l’île.
L’épineux dossier de la frontière entre les deux Irlande a été identifié comme un sujet prioritaire par l’UE, avec le sort des expatriés européens et la facture du Brexit. Un retour de la frontière risque de provoquer un choc pour ces deux économies particulièrement imbriquées qui échangent aujourd’hui sans entraves, et pourrait fragiliser l’accord de paix dans le Nord.
Leo Varadkar avait été vertement critiqué par le DUP, parti nord-irlandais ultraconservateur et favorable au Brexit, pour des propos tenus fin juillet sur la future frontière entre les deux Irlande.
Il avait alors insisté qu’il revenait au Royaume-Uni de venir avec des « propositions imaginatives » pour éviter le retour d’une frontière dure après le Brexit.
Le chef du gouvernement irlandais, dont c’est la première visite dans le nord de l’île depuis sa nomination mi-juin, devait s’entretenir séparément dans l’après-midi avec les chefs de file des principaux partis nord-irlandais, dont la cheffe du DUP Arlene Foster, alliée de la Première ministre britannique Theresa May.
Il a également décrit le Brexit comme « le défi de notre génération », susceptible d’affecter tous les aspects de la vie quotidienne des Nord-Irlandais. « La liste est longue », a-t-il dit, citant pêle-mêle l’emploi et l’économie, la frontière, les droits des citoyens, les travailleurs transfrontaliers, les voyages, le commerce, l’agriculture, l’énergie ou encore les services publics.
Leo Varadkar a aussi appelé à la mise en place immédiate d’une coalition gouvernementale en Irlande du Nord, sans gouvernement depuis la démission en janvier du vice-Premier ministre républicain, Martin McGuinness.