Les espoirs de voir le nouveau gouvernement de Keir Starmer chercher à rétablir des liens plus étroits avec l’UE se sont renforcés mercredi (17 juillet), lorsque le roi Charles a présenté les priorités de la future administration travailliste à la Chambre des Lords, en mettant l’accent sur la « réinitialisation des relations ».
La formulation utilisée par le roi concernant le rétablissement des relations du pays avec l’UE a rassuré les industries qui espéraient bénéficier de meilleures conditions commerciales avec l’arrivée du nouveau gouvernement, après plus de quatre ans de tensions post-Brexit et de disparités règlementaires entre les deux parties.
« Mon gouvernement cherchera à réinitialiser les relations avec les partenaires européens et travaillera à l’amélioration des relations commerciales et d’investissement du Royaume-Uni avec l’Union européenne », a affirmé le roi.
Dans l’ensemble, le discours du roi — une tradition britannique selon laquelle le programme des nouveaux gouvernements est présenté par le monarque au parlement — a créé peu de surprises mercredi, M. Starmer ayant déjà clairement exposé ses engagements à de nombreuses reprises ces derniers mois.
Ce fut notamment le cas lors de la réunion des membres de l’OTAN à Washington la semaine dernière, au cours de laquelle le nouveau Premier ministre britannique a réitéré sa volonté de rétablir les relations avec Bruxelles.
Par ailleurs, le discours de mercredi a également permis d’insister sur les réformes économiques et la croissance — un autre thème largement anticipé des politiques du gouvernement travailliste pour les quatre prochaines années.
« La stabilité sera la pierre angulaire de la politique économique de mon gouvernement », a déclaré Charles III. Et d’ajouter que « chaque décision sera cohérente avec ces règles fiscales » et qu’il légiférera « pour s’assurer que tous les changements importants en matière d’impôts ou de dépenses soient soumis à une évaluation indépendante du Bureau pour la responsabilité budgétaire ».
Politique économique
Entre-temps, le roi Charles a déclaré que « garantir la croissance économique sera une mission fondamentale » du nouveau gouvernement, qui « recherchera un nouveau partenariat avec les entreprises et les travailleurs, et aidera le pays à surmonter les récentes difficultés liées au coût de la vie en donnant la priorité à la création de richesses pour toutes les communautés ».
Sur ce point, il a indiqué que le nouveau gouvernement se concentrera sur l’élaboration d’un « nouvel accord » pour les travailleurs, « afin d’interdire les pratiques d’exploitation et de renforcer les droits en matière d’emploi ».
En outre, le gouvernement travailliste présentera des projets de loi visant à « renforcer l’audit et la gouvernance d’entreprise, ainsi que l’investissement dans les retraites ».
Le gouvernement de M. Starmer cherchera également à mettre en œuvre des réformes dans le domaine de la construction et de la planification « afin d’accélérer la mise en place d’infrastructures et de logements de qualité ».
Un retour en force annoncé depuis longtemps
Les relations économiques post-Brexit avec l’UE, et les accords négociés avec les Européens dans le cadre du projet de loi Brexit Withdrawal, ont été l’un des principaux moteurs de l’échec de quatre gouvernements conservateurs qui se sont succédés depuis le vote de juin 2016 en faveur de la sortie de l’Union.
L’ancien Premier ministre Boris Johnson est parvenu à faire adopter un accord de sortie de l’UE remanié au début de l’année 2020, peu après la démission de Theresa May à la suite de trois rejets de ses propositions par la Chambre des communes. En cause ? Des divisions internes des conservateurs sur le projet de loi.
Toutefois, les accords plus complexes conclus par M. Johnson avec l’UE (dont une partie a été établie dans le cadre du protocole irlandais, qui a mis fin à l’union douanière avec l’Union), ont entraîné un alignement moins poussé sur les normes relatives aux biens et aux services, et donc davantage de barrières commerciales entre les deux blocs.
M. Starmer s’est engagé à inverser cette tendance, conformément au manifeste de son parti, qui promet de supprimer « les barrières commerciales inutiles ».
Au début du mois, lors de sa première visite officielle en Écosse le 7 juillet, M. Starmer a déclaré : « Je pense que nous pouvons obtenir un bien meilleur accord que celui bâclé et imposé par Boris Johnson au Royaume-Uni ».
Le même jour, son ministre des Affaires étrangères, David Lammy, a publié sur le site web du gouvernement un article intitulé « Il est temps de réinitialiser les relations de la Grande-Bretagne avec l’Europe » avant de se rendre en visite officielle en Allemagne, en Pologne et en Suède.
Parallèlement à cela, le nouveau ministre chargé des relations avec l’UE, Nick Thomas-Symonds, s’est rendu à Bruxelles lundi (15 juillet) pour s’entretenir avec le vice-président exécutif de la Commission européenne Maroš Šefčovič.
Cette visite s’est accompagnée de plusieurs entretiens bilatéraux entre les deux parties « afin de préparer le terrain pour d’autres discussions entre le Royaume-Uni et l’UE, alors que le Royaume-Uni cherche à réinitialiser ses relations avec le bloc et à bâtir une coopération plus étroite sur des questions communes ».
Les dirigeants européens se réuniront au palais de Blenheim à Londres jeudi (18 juillet) pour le sommet de la Communauté politique européenne — un forum intergouvernemental créé en 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie — où, comme l’a déclaré M. Lammy lors de ses visites dans les pays de l’UE, « le nouvel esprit de coopération sera au rendez-vous ».