Le nouveau gouvernement travailliste britannique a plaidé jeudi (18 juillet) lors du sommet de la Communauté politique européenne en faveur d’une « réinitialisation » de ses relations avec l’UE, huit ans après le Brexit.
Le Premier ministre Keir Starmer a profité du quatrième sommet de la Communauté politique européenne (CPE), organisé par le Royaume-Uni dans le palais de Blenheim, dans le sud de l’Angleterre, pour discuter avec les dirigeants de l’UE d’une collaboration plus étroite.
Deux semaines après son entrée en fonction, M. Starmer a fait savoir qu’il souhaitait « donner le coup d’envoi » du rétablissement des relations pour l’instant difficiles entre le Royaume-Uni et l’Europe, en se concentrant dans un premier temps sur les questions de sécurité et de lutte contre l’immigration clandestine.
« Sous ma direction, le Royaume-Uni sera un ami et un partenaire, prêt à travailler avec vous, sans faire partie de l’Union européenne, mais en faisant partie intégrante de l’Europe », a affirmé M. Starmer lors de l’ouverture du sommet.
« Nous voulons travailler avec vous tous pour rétablir les relations, redécouvrir nos intérêts communs et renouveler les liens de confiance et d’amitié », a déclaré le dirigeant travailliste à ses homologues.
En marge du sommet, M. Starmer a participé à une série de rencontres bilatérales avec les dirigeants de l’UE, notamment avec Emmanuel Macron. « Je suis fier de quitter ce sommet avec des relations plus fortes en Europe », a confié M. Starmer à la presse après l’évènement.
Une coopération approfondie
Les deux parties ont également discuté d’un sommet bilatéral entre Londres et Bruxelles au début de l’année prochaine, ainsi que d’un partenariat de sécurité entre l’UE et le Royaume-Uni, selon des responsables européens et britanniques.
Selon le président du Conseil européen Charles Michel, présent au sommet, « il serait bon qu’il soit possible à l’avenir d’avoir un sommet bilatéral afin que nous puissions mettre en place un cadre clair pour la coopération stratégique entre le Royaume-Uni et l’UE ».
Cela ne pourrait cependant pas se concrétiser aussi rapidement qu’espéré.
« Il serait sage de ne pas aller trop vite dans les détails de ce qui devrait être discuté ou évalué », a noté M. Michel. De plus, l’organisation du sommet bilatéral incombera aux prochains responsables des institutions de l’UE, a-t-il ajouté, alors que lui-même devrait céder sa place au Portuguais António Costa.
Il en irait de même pour un pacte de sécurité entre l’UE et le Royaume-Uni, a déclaré un haut fonctionnaire de l’UE en début de semaine. Son élaboration prendrait plus de temps, mais il pourrait prendre forme d’ici la fin de l’année.
À la question de savoir s’il s’inquiétait d’une éventuel tentative de « picorage » du côté britannique lors des négociations, M. Michel a répondu que si tentative il y avait, alors « il serait bien sûr légitime de défendre certains intérêts ».
« Mais en fin de compte, ce qui importe, c’est le bon sens et le courage politique afin que nous puissions faire les bons choix dans l’intérêt de nos citoyens », a conclu l’homme politique belge.
Londres veut modifier un accord afin d’assouplir les contrôles aux frontières pour les produits agricoles et souhaite conclure un meilleur accord commercial dans un avenir proche. L’UE espère quant à elle trouver un terrain d’entente sur la mobilité des jeunes et les droits de ses citoyens au Royaume-Uni.
Le gouvernement de M. Starmer a exclu de réintégrer le marché unique ou l’union douanière de l’UE, ainsi qu’un accord sur la liberté de circulation.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a reconnu jeudi que Londres n’était pas près de renégocier les accords avec l’UE, déclarant que les travaillistes n’en sont « pas là deux semaines après le début de [leur] mandat ».
Immigration
L’immigration était un thème clé des discussions des 47 dirigeants présents au sommet de jeudi. M. Starmer a déclaré que les problèmes qui y sont liés « ne peuvent être résolus sans l’Europe ».
« Nous avons commencé ce travail ici aujourd’hui. Nous renforçons la présence britannique au sein d’Europol à La Haye afin de jouer pleinement notre rôle dans le centre européen de lutte contre le trafic de migrants », a indiqué M. Starmer à la presse à l’issue du sommet.
« Nous avons conclu de nouveaux accords de coopération avec des partenaires tels que la Slovénie et la Slovaquie afin d’enrayer le crime organisé et, grâce à notre nouveau commandement de la sécurité des frontières, nous allons travailler avec nos partenaires européens pour partager nos renseignements et notre expertise en matière de données afin de mettre les gangs hors d’état de nuire », a-t-il ajouté.
M. Starmer a explicitement pris ses distances avec le précédent gouvernement conservateur de son prédécesseur, Rishi Sunak, qui avait menacé de se retirer d’un traité international sur les droits de l’Homme, proposant aux autres dirigeants européens de faire table rase du passé.
Sur ce dernier point, le nouveau gouvernement britannique a supprimé un accord controversé avec le Rwanda dans le cadre duquel le Royaume-Uni avait versé des centaines de millions de livres au pays d’Afrique de l’Est, sans qu’aucun migrant n’ait été envoyé de force dans ce pays, comme cela était initialement prévu.
« Nous sommes ici pour servir notre pays dans l’intérêt national, à la recherche de solutions qui donneront des résultats. Plus encore, nous aborderons cette question avec humanité et dans le plus grand respect du droit international », a déclaré M. Starmer à ses homologues européens.
« C’est la raison pour laquelle nous avons supprimé dès le premier jour le projet inapplicable concernant le Rwanda. Et c’est pourquoi nous ne nous retirerons jamais de la Convention européenne des droits de l’Homme », a-t-il ajouté.
Comme son prédécesseur conservateur Rishi Sunak, Keir Starmer a promis de combattre les passeurs permettant à des milliers de migrants d’arriver au Royaume-Uni par la Manche.
Emmanuel Macron a réaffirmé l’engagement de la France à « constamment améliorer la situation ».
« Il n’y a pas de baguette magique, parce que nous connaissons la situation. Nous faisons de notre mieux, nous avons amélioré la situation au cours de ces dernières années, et nous continuerons nos efforts », a-t-il dit aux journalistes.