Un rapport de la Chambre des Lords britannique accuse l’UE de se voiler la face par rapport aux intentions de la Russie en Ukraine.
Alors que le non-respect de l’accord de Minsk II remet en question l’action de la diplomatie en Ukraine, la chambre haute britannique met les pieds dans le plat en publiant un rapport accusateur. Où les Lords estiment que l’UE doit se préparer à durcir les sanctions à l’encontre de la Russie, si la situation sur le terrain continue de se dégrader.
Lord Tugendhat, président du sous-comité sur les affaires extérieures de la Chambre des Lords, juge qu’un manque d’expertise, à la fois au ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni et au niveau européen, a conduit à une « mauvaise interprétation catastrophique de la tension » en Russie lors de l’intensification de la crise.
« Les États membres ont fait preuve d’un manque de clairvoyance politique en ce qui concerne les négociations de l’accord d’association avec l’Ukraine menées par la Commission », soutient Lord Tugendhat.
Le rapport condamne aussi les actions de Moscou, soulignant que « le démembrement d’un État souverain indépendant est inacceptable ».
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Ses auteurs indiquent également que la Russie se définit de plus en plus comme rivale de l’UE, une opposition à laquelle les États membres ont été lents à réagir. En Russie, l’élargissement de l’OTAN et celui de l’UE sont confondus et tous deux perçus comme une menace.
« La relation de l’UE à la Russie est depuis trop longtemps basée sur l’idée optimiste que Moscou est en train de devenir, petit à petit, un pays ‘européen’ démocratique », enchaîne le rapport. Si la relation économique entre l’UE et la Russie s’est épanouie, le partenariat politique et la promotion de la bonne gouvernance, de l’État de droit et de la libéralisation économique n’ont quant à eux pas abouti.
Le rapport se félicite cependant de la réponse unie des États membres vis-à-vis de Moscou et appelle à un « dialogue intense » sur la question de la Crimée. Il encourage également Bruxelles à faire plus d’efforts pour s’impliquer auprès de l’Union eurasienne, malgré le fait que la Russie ne remplit pas les critères voulus par l’OMC. En effet, selon les auteurs du rapport, l’attitude actuelle de l’Europe risque de « créer de nouvelles lignes de fracture sur le continent ».
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Le sous-comité sur les affaires extérieures de la Chambre des Lords a insiste en outre sur la nécessité de voir au-delà de la crise actuelle, et de mettre en place des relations Bruxelles-Moscou dans une vision de long terme.
« À l’avenir, l’Ukraine aura besoin d’une aide considérable de l’UE », assure Lord Tugendhat. « Tout accord avec Kiev devra comprendre des promesses de changements, notamment en ce qui concerne la corruption. La corruption en Russie doit également être prise en compte. »
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