Sans le Royaume-uni, l’UE serait plus favorable à la taxe sur les transactions financières et moins tolérante vis-à-vis du nucléaire. Donc plus à gauche.
Le Royaume-Uni est en perte d’influence au sein des institutions européennes, selon une analyse de VoteWatchEurope sur l’influence de Londres au Conseil et au Parlement de 2004 à nos jours.
Le pays serait l’Etat membre dont les opinions prévalent le moins au Conseil ces derniers temps, et perd également du terrain au Parlement européen. Pourtant, sa sortie de l’UE ferait sensiblement bouger les lignes sur certaines politiques européennes.
« Sans les eurodéputés britanniques, les initiatives de réduction de la bureaucratie compteraient moins d’alliés » a indiqué le professeur Simon Hix, de la London School of Economics, lors de la présentation de l’étude à Bruxelles.
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Il y aurait également « moins de protection du droit d’auteur, probablement une majorité en faveur de ta taxe sur les transactions financières (TTF) et moins de soutien au nucléaire et au gaz de schiste »a –t-il poursuivi.
Une aubaine pour les écologistes
Un Brexit serait « bon pour les militants écologistes », parce que l’UE se doterait sans doute de plus de réglementations, ajoute-t-il. Il a cependant souligné que les Britanniques avaient fait avancer l’UE dans des domaines comme l’aide humanitaire et le changement climatique.
Il révèle notamment que le Royaume-Uni est le pays qui se retrouve le plus souvent en opposition avec la position dominante dans l’UE, bien qu’il ait soutenu 97 % des lois adoptées ces 12 dernières années. Les questions de budget, de politique étrangère et d’aide au développement sont celles sur lesquelles Londres affronte le plus le reste de l’union.
Un allié en moins pour les Pays-Bas, la Suède et le Danemark
Les États membres qui seraient le plus fragilisés par un Brexit seraient les Pays-Bas, la Suède et le Danemark, les plus proches alliés du Royaume-Uni au Conseil, qui perdraient donc un partenaire important.
« Parmi les parties prenantes de la politique européenne, ceux qui ont le plus à perdre en cas de Brexit sont ceux qui défendent un allègement du fardeau administratif des entreprises et une meilleure protection du droit d’auteur », conclut l’étude.
Bien que les Britanniques soient surreprésentés dans les postes importants au Parlement européen, comme les présidents de commissions et les rapporteurs, ils ont perdu du terrain pour deux raisons: la sortie du PPE des eurodéputés conservateurs en 2009 et l’élection d’un si grand nombre de membres de UKIP en 2014, puisque ceux-ci votent très peu. La sortie du Royaume-Uni signifierait toutefois une facture plus salée pour les 27 États membres restants.
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Attention au post-Brexit au Royaume-Uni
Quant à la promesse du camp eurosceptique de négocier un accord de sortie favorable avec l’UE, Simon Hix prévient que « la France et l’Allemagne se méfieraient d’un effet de ‘contamination’ de pays comme la Hongrie, la Pologne ou la Suède, et feraient donc du Royaume-Uni un exemple économique ».
Un point de vue soutenu par Neil McMillan, ancien conseiller des Premiers ministres Tony Blair et Gordon Brown, sur les Affaires européennes, qui a déclaré à Bruxelles que « les 27 autres membres seront un peu énervés contre nous ».
Neil McMillan, désormais directeur d’EuroCommerce, prévient qu’un Brexit serait une « distraction » pour un bloc à 27 faisant face à la crise des réfugiés et à la crise de l’euro, et pourrait même « déclencher la désintégration de l’UE ». Faisant référence aux deux années de négociations prévues pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE et au nouvel accord commercial, Neil McMillan assure qu’il faudra « beaucoup plus de temps pour détricoter 43 années d’adhésion à l’UE ».
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David McAllister, eurodéputé mi-allemand, mi-écossais, dénigre quant à lui l’idée des pro-Brexit selon laquelle le Royaume-Uni pourra remplacer ses échanges commerciaux avec l’UE par plus d’importations et d’exportations vers les pays de l’ancien empire. « Si c’était le cas, pourquoi n’y a-t-il pas un seul dirigeant de pays du Commonwealth qui soutient le Brexit ? », se demande-t-il.
Pour Simon Hix, cette idée est complètement fantasque puisqu’actuellement, le Royaume-Uni « échange davantage avec la Pologne qu’avec le Pakistan, avec l’Autriche qu’avec l’Australie, avec l’Italie qu’avec l’Inde, et avec la République tchèque qu’avec le Canada ».
L’UE sans le Royaume-Uni serait un « fish without chips : elle existerait, mais ne serait pas la même, ou mieux ,» ajoute cependant David McAllister.
Tous les invités lors du lancement de ce rapport se sont accordés à dire que le taux de participation lors du référendum de juin sera crucial pour le résultat, qui sera sans aucun doute très serré.
Selon Simon Hix, un taux de participation d’environ 50 % favoriserait les espoirs de UKIP pour un Brexit, alors qu’un taux de 60 % ou plus jouerait en faveur de ceux qui souhaitent rester dans l’UE.
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