La Première ministre d’Écosse, Nicola Sturgeon, a fait part de sa profonde inquiétude concernant l’élection de Boris Johnson au poste de Premier ministre du Royaume-Uni.
Boris Johnson a remporté le vote interne au Parti conservateur face au secrétaire d’État des Affaires étrangères Jeremy Hunt en récoltant 66 % des voix. Il succède à Theresa May au poste de Premier ministre du Royaume-Uni, nourrissant ainsi les inquiétudes de Nicola Sturgeon, la Première ministre d’Écosse.
« Je suis certaine qu’une grande partie du peuple écossais partagent mes inquiétudes — peuple qui, s’il avait eu voix au chapitre, ne l’aurait pas choisi comme locataire du 10, Downing Street », a communiqué Nicola Sturgeon, dans une déclaration donnée directement après la désignation de Boris Johnson comme prochain leader du Royaume-Uni.
Boris Johnson a fait l’objet de vives critiques à plusieurs reprises pour son langage outrancier, comparant l’ancienne candidate à la Maison-Blanche, Hillary Clinton, à une « infirmière sadique », affirmant que Barack Obama éprouvait « une haine ancestrale » à l’égard de la Grande-Bretagne, invoquant Hitler pour parler de l’Union européenne.
En 2016, il était une figure de proue dans la campagne « Vote Leave », pour que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. Lors du référendum de 2016, l’Écosse, quant à elle, avait voté pour rester dans l’UE, avec 62 % de votes pour et 38 % contre.
Le Brexit contre vents et marées
Boris Johnson souhaite quitter l’UE coûte que coûte d’ici le 31 octobre — date butoir fixée après deux reports —, et ce, même en cas de « hard Brexit », c’est-à-dire sans accord.
En juin, Nicola Sturgeon a déclaré qu’un Brexit dur, comme Boris Johnson le conçoit, pourrait accentuer la perspective d’indépendance de l’Écosse.
La Première ministre de l’Écosse est persuadée des dégâts qu’un Brexit sans accord pourrait faire sur « le marché du travail, les investissements et les conditions de vie du peuple britannique ».
« Peu importe son appellation, un Brexit serait dévastateur pour l’Écosse et le reste de la Grande-Bretagne, mais ses partisans semblent bien décidés à quitter l’UE contre vents et marées d’ici le 31 octobre 2019. Telle attitude est illogique, contraire au bon sens et détachée de toute empathie à l’égard du peuple et des nations du Royaume-Uni », a-t-elle ajouté.
Nicola Sturgeon a été jusqu’à implorer le nouveau Premier ministre de revenir sur ses positions initiales et d’exclure un Brexit sans accord.
D’après cette dernière, un Brexit sans accord serait « extrêmement irresponsable et ne devrait pas être envisagé par aucun leader politique sérieux. C’est une proposition qui devrait être écartée immédiatement et sans équivoque ».
Volonté de coopérer en Europe
De son côté, Ursula von der Leyen, présidente élue à la tête de la Commission européenne, a évoqué les défis à venir : « nous devons, ensemble, surmonter de nombreuses et périlleuses problématiques ». Le président français Emmanuel Macron est, quant à lui, très désireux de travailler de concert avec Boris Johnson, non seulement pendant le Brexit, mais également après le retrait du Royaume-Uni.
Le vice-Premier ministre irlandais, Simon Coveney, a lui assuré que son gouvernement travaillerait de façon constructive avec le nouveau cabinet britannique dans l’optique de renforcer les relations entre les deux pays.
Par ailleurs, en Italie, Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur et secrétaire fédéral de la Ligue, le parti de droite au pouvoir, a félicité Boris Johnson pour sa victoire, ajoutant qu’il appréciait encore plus le nouveau leader britannique depuis que Tony Blair avait dit de lui qu’il était plus dangereux que la Ligue.
De retour à Westminster, les travaillistes (Labour) étaient, sans surprise, plus réservés. Leur leader, Jemery Corbyn, a appelé à une élection générale et a signalé que le mandat de Boris Johnson se traduirait par « la suppression d’emplois, l’augmentation des prix dans les magasins et le risque que le NHS soit vendu à des sociétés américaines dans le cadre d’un contrat privilégié avec Donald Trump ».